Dernièrement, j'ai accepté que je faisais une dépression. Que l'accumulation de tout était venue à bout de moi. Pas si facile que ça mettre un mot sur mon mal.

Dans ma vie, je n'ai jamais vraiment lâché prise, sur rien. J'ai aussi longtemps repoussé ceux qui m'entourent, mettant ça sur le dos de mon indépendance. Elle a le dos large, mon indépendance. Ça reste une belle qualité, elle me permet de me surpasser, de me débrouiller. De TROP me débrouiller, sans l’aide de personne.

Je n’ai jamais accepté cette aide qu’on voulait m’apporter, j’étais bien trop forte. Je pensais que je pouvais tout affronter, comme une grande, sans jamais tomber. Que personne ne pouvait comprendre, que les conseils de tous n'étaient pas faits pour moi. Je n'ai jamais voulu voir qu'eux, dans tout ça, voulaient m'aider à retrouver mon chemin.

Pis j’ai eu mes enfants. Puis, je suis tombée. Tout allait à l’encontre de ce que j’ai toujours voulu démontrer : ma force.

On m’a dit dernièrement : « Tu as tellement démontré que tu étais forte, à te battre contre tout et à tout faire toute seule sans jamais impliquer personne. Comme si le monde que tu aimes et qui t’aime n’était pas assez important pour que leur opinion t'importe. Malgré tout, tu es fragile. Derrière ton masque se cache une personne fragile. »

Je suis fragile.

J’ai une faille et depuis que je suis mère je le sais, mais je croyais que j’étais la seule à le savoir. Je croyais que j'avais réussi à la cacher, par peur d’avoir l’air faible.

Avoir des enfants, ça te ramène une réalité en plein visage. Quand j’ai décidé de m’arrêter afin d'analyser mon parcours, j’ai fermé les yeux et j’ai visualisé ce que je voulais vraiment dans ma vie : le bonheur, le vrai.

C'est là que j'ai réalisé que j'avais mal à l'intérieur. Que je n'étais plus heureuse au fond de moi-même. Il manquait quelque chose à ma vie et la seule chose pouvant me redonner ce goût de mordre dans la vie à pleines dents, c'était de m'affronter moi-même. Je suis donc allée chercher de l'aide.

Ça n’a pas été facile, ni sur le plan professionnel, ni sur le plan social et encore moins sur le plan personnel. Mettons que j'aurais préféré que ça se passe autrement, mais la vie est ce qu'elle est et ça s'est passé suite à une hospitalisation d'un jour et plusieurs rencontres avec des psychiatres.

C'est là que le maux mot est tombé, on m’a dit que je faisais une dépression post-partum qui devait dater de mon premier accouchement. Première claque.

On m’a dit que je n’avais plus d’estime personnelle. Deuxième claque.

On m’a dit que je me définissais comme une coupable, que je me sentais toujours responsable face à la critique. Troisième claque.

On m’a dit que je devais lâcher prise pour mon bien-être, car mon prochain mur serait de toute évidence le burn-out personnel. Quatrième claque.

La première question qui m'est venue en tête, c'est de me demander comment je pouvais être une bonne mère pour mes enfants? Comment pouvais-je enseigner les valeurs que j’essayais de leur transmettre si moi-même je n’étais pas capable de m’y soumettre? Leur montrer que la première personne qu'on apprend à aimer et connaître, c'est soi-même. Qu'on se doit d'être honnête envers soi-même, qu'on se doit d'avoir confiance en soi, de s'aimer et de s'accepter tel que l'on est.

C'est là que je me suis sentie impuissante dans mon rôle de mère.

J’ai donc commencé un suivi avec un psychiatre, avec un psychologue de thérapie de groupe ET je prends des antidépresseurs.

Ce n’est pas toujours facile, mais je m’en sors. J’ai arrêté d’avoir de la retenue. Je me libère peu à peu, pour moi, pour ma famille, mes amis (es) et surtout pour mes enfants. Et ce qui me fait réaliser que je suis sur le bon chemin, c’est qu'eux aussi, malgré tout, sont toujours là à côté de moi.

Avez-vous déjà ressenti une telle impuissance?