J’avais vingt-sept ans lorsqu’on m’a offert en cadeau le livre Le Secret de Rhonda Byrne. Ce n’était pas mon anniversaire ou Noël. Je venais de passer 3 jours en pédiatrie, en raison de l’hospitalisation d’urgence de ma fille d’à peine 3 mois et demi. L’enveloppe contenant le livre m’attendait dans ma boîte aux lettres. Mon cadeau était accompagné de la note suivante : «Tout est dans l’attitude! Envoie ça dans l’univers, ça va bien aller! »
Je n’ai rien envoyé dans l’univers, mais le livre, lui, a pris toute une débarque en bas des marches. Je me suis écroulé dans mon vestibule et j’ai pleuré tout ce qu’il me restait de larmes. Ma vie s’écroulait, ma fille serait transférée dans un hôpital spécialisé pour enfant de Montréal dans les jours à venir, mais ça allait bien aller? Tout dépendait de mon attitude Non. Ce qui m’arrivait n’avait rien à voir avec mon attitude, mais bien avec ce qu’est la médecine et les limites du corps humain. En aucun cas, j’étais responsable de ce qui arrivait. J’étais dans l’émotion et non dans l’attitude. Chaque chose en son temps.
En raison de la façon dont Le Secret est entré dans ma vie et dont ses adeptes en sont sortis, j’ai certaines réticences quand je vois des ouvrages de ce type tomber dans des mains fragiles et démunies. Principalement celles des adolescents. De jeunes gens en quête d’identité et de réponses sont-ils aptes à en prendre et en laisser comme le feraient des adultes avertis?
Il y a quelques jours, une amie me transférait un article du journal Le Devoir, qui faisait la critique d’un nouveau livre pour adolescent : Demande et reçois, une adaptation du livre de Pierre Morency, réalisée par Valérie Fontaine, auteure jeunesse et enseignante au primaire.
Le collaborateur du journal Le Devoir, Louis Cornellier, n’y allait pas de main morte : « Mettre ce livre dans les mains d’enfants mal outillés pour en démasquer la fourberie intellectuelle reviendrait à trahir notre devoir d’éducateurs. » Son commentaire a suffisamment piqué ma curiosité pour que je prenne quelques instants pour lire le livre en question.
À première vue, le livre est accrocheur en raison de ses illustrations. Côté visuel, c’est magnifique. De quoi titiller l’œil d’un adolescent. Pour ce qui est du contenu, je dois dire que je suis mitigée. Le livre ne va pas aussi loin que ceux destinés aux adultes au niveau de la complexité de la loi de l’abondance et des pouvoirs de l’univers. J’avoue qu’à ce niveau, c’est rassurant. Par contre, le ton utilisé me dérange beaucoup plus que tout le reste.
Les adultes qui essaient de parler en ados, ça me turn off totalement et je sais que c’est le cas des adolescents également. L’un de mes plus beaux étés a été celui où j’ai eu la chance d’être monitrice de camps de jour pour des jeunes de 11-12 ans. Si mon été s’est bien déroulé, c’est justement parce que je n’ai pas tenté de parler comme eu ou d’être cool. T’sais genre!
En fait, ce qui me dérange le plus de ce livre, c’est principalement l’image caricaturale du jeune adolescent désintéressé de tout, mis à part sa console de jeux vidéo. Ce même jeune pour qui tous les jours se suivent et se ressemblent. Est-ce réellement le reflet que l’on souhaite envoyer à nos adultes en devenir?
Personnellement, en tant que maman, ce n’est pas ce que je veux pour mes enfants. À titre de parents, je crois que nous avons le devoir de supervision sur ce qui tombe entre les mains de nos enfants. Principalement lorsqu’un livre prétend, en gros caractère, qu’il est préférable d’agir plutôt que de réfléchir.
Parents, si l’adepte de la pensée positive de la famille élargie souhaite glisser ce livre sous le sapin de Noël a l’intention de votre jeune ado, offrez-lui en retour La dictature du bonheur de Marie-Claude Élie-Morin. Vous aurez de belles discussions au souper du Jour de l’an.