Le 12 février 2014, peu de temps avant mon vingt-septième anniversaire de naissance, j’ai eu le plus inespéré des cadeaux sous la forme d’une question : « Oh… Dites-moi : avez-vous des jumeaux dans la famille? ». Ma soeur, qui m’accompagnait à l’échographie de datation, et moi étions complètement sous le choc. Deux? Attendez, vous avez bien dit DEUX bébés?!?

Crédit : Raquel Pedreira

 
Lorsque j’avais décidé de poursuivre ma grossesse à peine trois ou quatre semaines avant de savoir que j’attendais DEUX bébés, je m’imaginais élever mon bébé (au singulier!) toute seule. Je venais à peine d’emménager dans mon petit appartement douillet avec mes livres, je travaillais sur ma thèse, j’avais obtenu une charge de cours à l’université et j’aimais de tout coeur mon emploi à la bibliothèque.

Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes et un enfant ne viendrait qu’ajouter un surplus d’amour et de joie dans le portrait. Ce deuxième bébé inattendu chamboulait tous mes plans et je me retrouvais devant l’inévitable décision de devoir demander l’aide de mes parents.  

                   

Crédit : giphy.com

 
Il faut savoir que mes parents et moi avons un gouffre de valeurs entre nous dont celle qui va comme suit : « enfants = mariage ». Moi, célibataire, attendant deux bébés et à mille lieues de me marier avec qui que ce soit, eh bien, ce serait assez difficile à avaler pour mes parents. Le lendemain de mon échographie de datation (j’étais à trois mois de grossesse), je demandais une réunion familiale pour leur annoncer la bonne nouvelle : « Heille, vous allez être grands-parents…deux fois! »

                    

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En l’apprenant, mon père était bouche bée (pendant plusieurs jours) et ma mère était soulagée que je n’aie pas un cancer (merci de mettre les choses en perspective, maman!). On s’est entendus pour que j’emménage chez eux à la fin de mon bail et pour y rester pendant la première année des jumelles. À la fin de mai 2014, quelques mois avant la naissance de mes filles, je suis donc revenue habiter chez mes parents.

À deux exceptions près, cela faisait presque sept ans que je n’y avais pas vécu et c’était une grosse adaptation que je devais faire. Je n’aurais pas pu réalistement m’occuper des jumelles toute seule durant les premiers mois de leur vie et même si c’était un coup dur pour ma fierté, je suis revenue dormir dans ma chambre d’ado.

J’ai pu vivre mes dix dernières semaines de grossesse sans trop me soucier de faire l’épicerie, le ménage, le souper, etc. Je n'avais simplement qu'à aller au travail, vivre, lire, me pointer à mes divers rendez-vous de suivi et essayer de faire des siestes quand les bébés étaient calmes. 
 
En perspective, je n’aurais pas pu prendre de meilleure décision, même si j’y ai été un peu contrainte par les circonstances. L’aide que ma mère, ma soeur et mon père m’ont apportée est inestimable. Ma mère a pris quelques semaines de congé pour m’aider après l’accouchement, elle se levait toujours pour m’aider avec les boires de nuit, ma soeur est comme une deuxième mère pour mes filles et mon père a été le « réconforteur » de service, sachant calmer les coliques aussi bien, sinon mieux, que le berceau-balancelle.

Crédit : Marta Pedreira
Crédit : Marta Pedreira
 

Crédit : Marta Pedreira

Cela n’a pas été facile, croyez-moi et il y a eu quelques moments de conflit assez intenses. Si j’ai pu garder ma santé mentale pendant ce temps, je le dois à quelques petits principes que j’ai essayé d’appliquer du mieux que j’ai pu :
 
1. Contribuer aux dépenses de la maison 
Il n’était pas question que je vive aux crochets de mes parents pendant un an. J’ai contribué aux dépenses de la maison en payant une « pension » que j’ai négociée avec eux, et je payais pour la plupart de mes dépenses personnelles, incluant mon épicerie et celle des bébés. Déjà que j’avais l’impression d’envahir leur espace, cela me faisait un souci en moins.   
 
2. Laisser de l’espace aux autres adultes de la maison
Quatre adultes, deux bébés et un chien dans une maison conçue pour deux adultes/deux enfants…ce n’est pas toujours la joie. Je me suis retirée dans ma chambre avec les bébés assez souvent pour laisser la place aux autres adultes dans la maison qu’ils puissent « habiter » leur maison sans se sentir trop à l’étroit. Comme on dit, il faut faire des siestes quand les bébés dorment, n’est-ce pas? Alors je travaillais sur ma thèse, je niaisais sur Internet, je lisais des livres de parentalité et je somnolais entre deux boires/tirage de lait.
 
3. Garder les yeux sur le but 
Le but de venir habiter chez mes parents, c’était d’avoir de l’aide quotidienne avec les jumelles. Quand j’étais en conflit avec l’un ou l’autre de mes parents, et même parfois les deux, je me disais que je devais rester pour le bien-être des jumelles. J’ai dû ravaler mon orgueil assez souvent pour leur mieux-être et recharger très souvent mon « mana » de patience.
 
4. Vivre pleinement la présence mes filles
Je ne me rappelle plus où j’ai entendu cette phrase, mais elle résonne en moi : « J’aime mes enfants, ils sont ce qu’il y a de plus important pour moi; tout le reste n’est que décoration. » Exactement, tout le reste n’est que décoration. Je peux changer de maison, de travail, d’études, de paysage. Ce qui reste, ce qui est essentiel, ce sont mes filles, leurs sourires, leurs souffles tout doux, leurs petits yeux curieux. Tout le reste n’est que décoration. 
 
Avez-vous dû revenir habiter avec vos parents après votre accouchement? Comment l’avez-vous vécu?