Je déteste entendre mes enfants pleurer. Je suis le genre de mère qui intervient au moindre bruit. J’estime être une bonne maman, et je ne crois pas que mes filles soient privées de grand-chose.
 
Mais, oui, j’ai fait le 5-10-15. Je ne voulais pas. J’ai tout fait pour l’éviter. À Juliette, je me suis résignée à l’âge de 9 mois. Simone, j’ai attendu 8 mois.
 
Et ça a fonctionné. En moins de deux nuits pour chacune de mes filles, elles ont enfin été capables d’avoir de bonnes nuits de sommeil, et nous aussi. Allez-y, lapidez-moi!
 
Juliette se réveillait aux 30 minutes depuis l’âge de 5 mois, dès que la calisse de suce tombait de sa bouche. Simone, elle, a développé l’habitude que l’on vienne la voir et la bercer dès qu’elle se réveillait, puisqu’elle partage la chambre de sa sœur et qu’on ne voulait pas qu’elle réveille la plus grande. Et bonjour le cercle vicieux!
 
Avant d’en arriver au 5-10-15, nous avons tout fait. Nous avons vu le médecin, l’ostéopathe, l’acupuncteur. Nous avons instauré une routine, lu des histoires, chanté des chansons. Nous avons utilisé une veilleuse, un humidificateur, de la musique douce. Nous avons aussi essayé le co-dodo et j’en passe.

Il a fallu que nous nous rendions jusqu’au bout de nos ressources pour comprendre que ce n’était que comportemental et qu’il nous appartenait de décider si nous voulions briser le cycle ou non.
 
Nous voulions! Pour nous (on ne va pas se mentir) parce qu’on ne vivait plus, mais qu’on ne faisait que survivre en accumulant un manque de sommeil incroyable. Nous devenions de vrais zombies, et nous nous surprenions à arriver au bout de nos journées sans mourir. Mais pour elles aussi, parce que toutes ces nuits incomplètes se reflétaient dans leurs yeux fatigués, dans leur irritabilité quotidienne et dans leur système immunitaire qui laissait passer le moindre virus.

Personne ne me fera croire qu’un sommeil entrecoupé de longues périodes d’éveil aux 60 à 90 minutes peut être réparateur pour un enfant.

Crédit : Eperales/Flickr

 
Et maintenant que nous sommes passés au travers, je me demande encore pourquoi j’ai attendu si longtemps. Sans doute à cause de tout ce que j’ai entendu de mauvais sur cette technique. De peur de fucker mon enfant pour le reste de sa vie. Je suis heureuse de constater aujourd’hui qu’à 3 ans et demi, Juliette a une vie sociale normale, une émotivité saine, qu’elle n’a pas développé de carence affective ou d’angoisse de séparation et qu’elle est capable de mettre un pied devant l’autre. Ma fille a vécu deux nuits de 5-10-15 et elle est parfaitement normale.
 
Le 5-10-15 n’est cependant pas fait pour tout le monde, j’en suis consciente. Bien d’autres facteurs peuvent perturber le sommeil d’un bébé, outre un facteur comportemental, et il faudrait penser à éliminer les autres possibilités avant de tenter cette méthode. Par ailleurs, c’est beaucoup plus facile quand papa et maman sont sur la même longueur d’onde, et prêts à se relayer.

Il faut être mentalement et émotionnellement prêt à se lancer dans le 5-10-15, même si ce n’est que pour une nuit ou deux. Et personnellement, je n’aurais jamais prolongé l’expérience si je n’avais constaté aucun résultat après trois ou quatre essais.
 
Pourquoi vous parler de tout ça? Parce que j’ai été jugée de l’avoir fait. Parce que j’ai entendu toutes sortes d’horreur sur le genre de mère égoïste que je devais être si je faisais « subir ça » à mon enfant. Parce que je suis assez forte pour passer par-dessus les jugements. Parce qu’il n’y a pas un enfant de pareil. Parce qu’à travers le flot d’opinions et de jugements, il faut parfois entendre des récits positifs aussi.
 
Et si de vouloir maintenir une bonne santé physique et mentale pour pouvoir consacrer le maximum de mes énergies à mes filles, si de ne pas vouloir les voir fatiguées et irritables à longueur de journée, si de vouloir permettre à mon couple de survivre pour nous et pour les enfants, et à ma vie sociale de se maintenir au niveau du minimum acceptable pour ne pas virer folle, si tout cela fait de moi une personne égoïste, alors je suis fière d’être la plus égoïste des mères.
 
Avez-vous déjà pratiqué la méthode du 5-10-15 ou une variante?