Hier, le 10 novembre, le gouvernement de Monsieur Couillard a adopté la loi 20. Cette loi implique la mort du programme de procréation assistée. La mort de l’espoir pour des milliers de femmes et d’hommes qui ont le désir profond d’être parent. La mort du droit pour tous d’être parent.
J’écris ce texte en regardant mes enfants. Ma fille à 21 mois et joue avec des blocs en construisant une maison pour sa figurine de panda. Elle explique à son frère de 3 mois « maison panda » et ajoute « toute seule ». Elle est fière de pouvoir construire toute seule une maison à son panda et partage cette joie avec son frère qui la regarde en souriant, probablement heureux sans trop savoir pourquoi.
Mes deux enfants sont mes miracles. Des miracles rendus possibles grâce au programme de procréation assistée. Vu mes problèmes de santé, il est plus que probable que je n’aurais jamais pu porter d’enfant sans la fécondation in vitro.
Je l’ai déjà dit et je le répète, l’infertilité est le résultat de différentes maladies. Parfois, nous pouvons identifier cette maladie, parfois non. Je ne peux m’empêcher de trouver douloureux de constater que notre société refuse maintenant de reconnaître l’infertilité comme une maladie.
Une personne sur 6 souffre ou souffrira de problèmes de fertilité. Notre société vient de dire à cette personne qu’elle a intérêt à avoir de l’argent si elle veut un enfant. Notre société a décidé que le droit d’avoir des enfants était maintenant discriminé par notre revenu. Que le droit d’être parent n’est plus un droit immuable.
Que le désir d’un enfant est relégué au même niveau que toutes nos autres envies matérielles : « Ramassez votre argent et ensuite, vous pourrez avoir votre nouveau char enfant ». Vouloir un enfant n’est pas un désir frivole ou égoïste. C’est un besoin fondamental pour la plupart d’entre nous.
Je hurle lorsque j’entends qu’avoir des enfants est un choix personnel et que la société n’a pas à payer pour ce genre de choix. Cette vision étriquée de ce qu’est le désir d’un enfant me désole profondément. C’est un choix personnel au même titre que respirer est un choix personnel. C’est un choix qui n’en est pas un.
Le programme de procréation assistée a permis à des milliers de gens de vivre, de s’épanouir. Il a permis la venue au monde de miracles. Il a permis de surmonter une maladie qui a de grandes conséquences.
Ce matin, en écoutant les nouvelles avec leur café, des gens ont appris qu’ils n’auraient probablement pas d’enfant. Ils ont vu leurs espoirs s’éteindre brusquement.
J’aimerais tous les prendre dans mes bras et ne rien dire. Car, ne vous y trompez pas, il n’y a rien à dire. Seulement à encaisser.