Ma fille de 15 mois a fait ses premiers pas aujourd’hui même. C’est immanquable, chaque nouvelle étape me ramène directement à sa naissance difficile.

Je la revois, si petite, si vulnérable. Je ne peux tout simplement pas oublier qu’elle était incapable de faire quoi que ce soit toute seule, pas même respirer. Et la voilà maintenant qui marche.

Crédit : Mylène Charlebois

Dès sa naissance, j’ai su que ma relation avec elle ne serait pas tout à fait comme celle que j’ai avec son grand frère. J’ai eu peur de tomber dans la surprotection, un peu pour compenser le fait que je n’ai pas pu la protéger assez longtemps dans mon ventre.

Finalement, un an plus tard, je me rends compte que ma réaction a plutôt été de toujours l’amener à se dépasser tout en respectant son rythme. J’ai essayé de ne pas trop capoter avec les microbes et de lui faire vivre autant d’expériences variées que son frère.

Encore aujourd’hui, je suis par contre plus sensible avec elle qu’avec mon premier bébé. La laisser pleurer m’est totalement impensable. C’est psychologique. J’imagine qu’elle ne se souvient plus de son début de vie ni de son hospitalisation, mais moi je n’ai pas oublié que je n’étais pas là pour elle 24 heures sur 24. Et il me reste toujours en tête, ce petit fond de culpabilité.

Il m’a aussi fallu plusieurs mois avant de réussir à croire que ma fille était là pour rester. J’avais eu une peur bleue de la perdre lorsqu’elle est née. J’avais maintenant peur qu’on nous l’enlève pour de bon. Après un an, je peux dire que cette inquiétude s’est un peu estompée. J’ai toujours la crainte qu’il arrive quelque chose à mes enfants, bien sûr, mais pas de façon maladive comme quand elle était toute petite.

La chose qui n’a toutefois pas changé en un an, c’est mon immense sentiment de fierté à chaque petit pas qu’elle franchit. Je ne portais déjà plus à terre quand elle s’est mise à respirer sans assistance, ce fut l’extase quand elle n’a plus eu besoin de gavage. Le premier sourire, le premier bisou, le premier mot; tout m’émeut énormément.

Je pense que finalement, je n’ai peut-être tout simplement pas envie d’oublier d’où elle vient. Après tout, ça fait partie de son histoire et j’aime croire que sa détermination et sa force de caractère lui viennent, en partie, de sa prématurité.

Avez-vous vécu une naissance prématurée? Comment vivez-vous avec votre bébé qui vieillit?