15 novembre 2013, 6 h 15 : je tiens d’une main tremblante mon premier test de grossesse positif à vie.
7 h 10 : je cherche frénétiquement sur Internet toutes les informations que je vais devoir avoir sous la main pour mener à bien cette grossesse, préparer mon nid à l’arrivée de bébé et devenir la maman exemplaire que je me suis promis de devenir.
17 h 45 : je file dévaliser la librairie à côté de mon bureau. On ne peut jamais être trop informée, hein?
Et malgré cette quête acharnée de vérité, ben vous savez quoi? Je n’étais pas du tout préparée à vivre la maternité. Ou, devrais-je plutôt dire, mon congé de maternité…
Quelques semaines après la naissance de ma fille, j’ai été confrontée au choc de la réalité. Non, mes bras seuls ne suffiraient pas à faire cesser les pleurs de ma petite Laurence (hello les illusions liées au pouvoir magique des bras maternels…); non, je n’avais pas réussi à garder le contrôle sur la propreté de ma maison, de mon linge, de moi-même; non, la perfectionniste que j’avais toujours été ne réussirait pas cette fois-ci à obtenir la note parfaite dans ce nouvel apprentissage.
Deux mois ont filé au cours desquels je me suis répétée ad nauseam que j’étais finalement incompétente dans à peu près tous les domaines. Je me suis retrouvée au bord du gouffre à pleurer ma vie dans le bureau de mon médecin après qu’il m’ait eu posé la question : « Pis? Comment ça se passe, la maternité? » Sa recommandation ne se fit pas attendre : « Vous auriez tout intérêt à consulter un psychologue. » Ce que j’ai fait.
Ma psychologue m’a accueillie hebdomadairement dans son bureau pendant près de cinq mois. Cinq mois au cours desquels nous aurons procédé ensemble au grand ménage des idées préconçues, des blessures d’enfance, des peurs irraisonnées. Au terme de nos rencontres, je me rappelle avoir partagé à ma psychologue le grand constat qui émanait, à mon avis, des discussions que nous avions eues : pour entreprendre un congé de maternité, il faut d’abord être sacrément bien avec soi-même!
En effet, le malheur avec ce congé, c’est que l’on a, malgré ce qu’on pourrait bien croire, trop de temps pour penser, se questionner, se comparer, se blâmer. Que ce soit à propos de l’allaitement, de la remise en forme (ou plutôt, de la perte des formes!), ou des soins à apporter au poupon. On l’a, le temps de se dire qu’on aurait pu faire mieux; qu’on devrait faire autrement; qu’on est don’ poche de ne pas être meilleure. On est continuellement confrontée à soi-même dans un contexte où le manque chronique de sommeil altère le jugement. Et les effets dévastateurs de ces impitoyables monologues intérieurs se font, hélas, rarement attendre.
Grâce à ma psychologue, j’aurai compris qu’il faut se donner le droit d’être imparfaite sans se dénigrer et apprendre à reconnaître ses limites sans les juger. Voilà l’un des réels défis de la maternité qui n’est mentionné ni dans le Mieux vivre, ni sur Internet, ni dans tous ces livres chers, chers, chers que j’aurai achetés…
À quoi n’étiez-vous réellement pas préparé en devenant parent?