J'adore tricoter. C'est l'un de mes passe-temps favoris. Je suis la fille qui a toujours un petit travail d'aiguille dans mon sac à couche ma sacoche, au cas où. J'ai commencé à tricoter il y a un peu plus de 5 ans. Avant de nous quitter, ma grand-mère m'a légué tout son nécessaire à tricot, étant la plus manuelle de ses enfants et petits-enfants. J'ai appris par moi-même, un peu pour honorer sa mémoire, elle qui avait tant aimé tricoter dans sa vie.

Je trouvais ça beau le geste de passation d'une technique comme celle-là d'une génération à une autre. J'aurais aimé que ses mains ne soient pas trop abîmées par l'arthrite pour apprendre les gestes d'elle. À défaut, j'ai appris sur YouTube #ÊtreDeSonTemps. Puis je suis devenue complètement accro au tricot. Ça me relaxe, ça m'occupe et me permet de mettre mon cerveau à off.

Une maille endroit, deux mailles envers, un jeté, deux mailles ensemble... 

Comme plusieurs, je suis touchée par la situation en Syrie. J'ose à peine imaginer les horreurs que des centaines de petites familles, exactement comme la mienne, doivent subir. J'ai été horrifiée dans les dernières semaines de lire (trop) de commentaires désobligeants, des raccourcis intellectuels et un mélange peu habile des mots « réfugiés », « musulmans », « arabes » ou « terroristes ». Comme si ces mots étaient des synonymes. Au-delà de la signature d'une pétition contre ceux qui sont contre l'arrivée des Syriens en sol canadien, je me sentais bien impuissante.

Puis, quelques amis Facebook m'ont taguée sur un projet un peu fou qui émergeait sur les Internets. C'est un mouvement spontané et citoyen afin d'accueillir chaleureusement les 25 000 réfugiés syriens que le Canada s'est engagé à faire venir ici. L'idée, c'est de tricoter à la main une tuque et d'y glisser un mot de bienvenue pour la remettre à un réfugié. Pour souhaiter la bienvenue, d'un citoyen à un réfugié, de personne à personne, et de mettre un peu de doux sur sa tête et de chaud dans son cœur. Le projet m'a tout de suite interpellée. Tricoter pour défaire les préjugés, accueillir et dire bienvenue chez VOUS.

« Parce qu'au Québec, le véritable ennemi, c'est le froid. » 
 

Crédit : Giphy

Oui, c'est un peu beaucoup symbolique. Non, ça ne changera pas le monde et n'effacera surtout pas ce que ces individus vivent depuis des années dans leur pays et dans les camps de réfugiés. Ce n'est pas non plus la seule chose dont ils auront besoin en arrivant ici. Mais en simple citoyenne et maman un peu idéaliste que je suis, je trouve que c'est un maudit beau geste que de prendre quelques heures de mon temps pour tricoter avec amour une tuque et rêver d'une société tricotée un peu plus serrée. 

Des points de dépôt poussent un peu partout au Québec. L’initiative prend de l'ampleur et des tricotons, trico-thé et autres initiatives satellites s'organisent. La page Facebook 25 000 tuques vous donnera plein d'info. 

Il y a plein d'autres organismes qui peuvent récupérer vos dons de vêtement d'hiver usagés, vos foulards et chaussettes tricotés ou pas, des sous ou votre aide pour les réfugiés ou encore les plus démunis. Le but de #25000tuques, c'est vraiment de poser un geste symbolique. Comme pour les nouveau-nés qui reçoivent leur petite tuque de bienvenue au monde dans nos hôpitaux. Mais là, c'est pour accueillir chaleureusement des gens qui ont bien besoin de démarrer une nouvelle vie.

Je viens de monter mes 72 mailles, je vais tricoter 2 pouces de cotes 2/2 puis 1 maille endroit, 2 mailles envers, 1 jeté, 2 mailles ensemble...

Êtes-vous touché par le projet 25 000 tuques?