Je suis athée. Mon mari est athée. Nous sommes une famille athée. Même si je trouve étrange d’accoler un terme à la non-croyance. Existe-t-il un terme pour les gens qui ne croient pas aux gnomes? Peut-être. Je n’ai pas vraiment approfondi la question. Il faut bien mettre un nom à tout. Et ça permet de répondre à la question : à quoi croyez-vous? Répondre « rien » laisse certaines personnes sans mots. Comme l’infirmière en stage le jour de ton accouchement.
 
Je me suis mariée civilement au 1, rue Notre-Dame Est. Lieu bucolique aussi appelé Palais de justice de Montréal. Sans robe blanche ou demoiselles d’honneur. Mes enfants n’ont pas non plus de parrain et marraine civils. Bref, je n’essaie pas de transposer des traditions chrétiennes à notre vie familiale. Le cas de Noël est toutefois différent. Cette fête est ancrée culturellement. Les rues se transforment en décembre. Les gens avec des horaires de travail typiques sont en vacances. Après des mois de réflexion, nous avons choisi de célébrer Noël. Comme l’Halloween.
 
Notre sapin n’a ni étoile ni ange à sa cime. Il n’y a pas de crèche à son pied. Pas besoin de vous dire que nous n’allons pas à la messe de minuit. Pour expliquer cette fête à mes enfants, j’utilise le film La véritable histoire du père Noël (Juha Wuolijoki, 2007). En Laponie, le jeune orphelin Nikolas fabrique des jouets de bois qu’il distribue aux portes de son village avant de devenir le père Noël.

Crédit : Scarpe Diem Productions et Snapper Films Oy.

 
Peu à peu, nous créons nos traditions. J’ai tricoté des bas de Noël pour recevoir les petits cadeaux. J’espère qu’ils les auront toujours dans 30 ans. Les fêtes sont merveilleuses pour créer des souvenirs. Chez nous, les œufs de Pâques soulignent l’arrivée du printemps. La dinde de l’Action de grâce marque le retour de l’automne. Rien de grandiose en dehors de Noël. Seulement des moments pour sortir les nappes.
 

Ce n'est pas une photo de Noël. Je sais. Je suis simplement un peu nostalgique: j'ai envie d'embarquer les enfants et le chien dans la voiture pour retrouver les lieux de mon enfance
Crédit : Tourisme Îles de la Madeleine

Tranquillement, j’aborde la notion de religion avec mes enfants. De manière factuelle. Une compréhension historique et culturelle des religions est importante pour comprendre de nombreux enjeux de société. J’ajoute peu à peu des notions de philosophie à nos conversations. À 3 ans, je me contente d’expliquer deux façons de voir un problème à mon aîné. Bientôt, je lui demanderai laquelle est plus juste à ses yeux. Sans question piège. Juste pour l’amener à faire la part des choses et apprendre à expliquer ses positions.
 
Pour reprendre des mots de Marie-France Bazzo, je n’ai pas de vie intérieure. Je n’ai pas de valeurs spirituelles à transmettre. Mais je peux les aider à se construire un esprit critique. Et des souvenirs.
 
Quels souvenirs de Noël souhaitez-vous que vos enfants conservent toute leur vie?