Contrairement à certaines, je ne peux pas dire que je n'aime pas les bébés en général. Je comprends ce désamour, cela dit : c'est à la fois mignon et peu ragoûtant, ces rassemblements de plis roses et de bouches édentées et criardes qu'on te fourre dans les bras. Parfois, faut les avoir faits pour les aimer, mais j'aime les bébés. J'aime interagir avec les bébés : ceux des autres, que je peux leur rendre à tout moment après m'être amusée. Bien sûr, j'ai aussi aimé mon bébé, avec sa bouche édentée et criarde et son absence totale de plis de petit presque-préma.

Par contre, c'est très clair : je n'ai pas aimé être la mère d'un bébé.

D'ailleurs, on va se le dire, je n'étais pas la mère de bébé la plus à son affaire, efficace et patiente qui soit. C'est peut-être la convalescence de la césarienne, peut-être mon côté introverti, mais l'étape nourrisson, pendant laquelle l'enfant est une extension de toi, me suffoquait un peu. Heureusement, il y avait l'amoureux, qui pouvait l'emmailloter serré serré (et soupirait quand je le faisais de façon très approximative), le faire roter expertement et s'en occuper pendant que je regardais, un peu perplexe, le nouvel humain.

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Ça fait presque deux ans maintenant que petit V est né et, comment l'exprimer, c'est de plus en plus une personne. Il raisonne, il a sa riche vie intérieure, ses peurs d'enfant trop imaginatif, sa personnalité, ses goûts. Du coup, moi aussi, j'ai quitté l'étape larvaire de ma parentalité. Les crises, les bêtises, les conneries, je gère. Les gros bobos, les fous rires, les lectures à voix haute aussi.

Être un parent de bambin qui grandit, c'est infiniment plus agréable pour moi, mais je suis aussi vraiment meilleure à ça. Inventer des jeux, faire du pain doré, lire plein d'histoires parfois modifiées (le chaperon rouge tue le loup toute seule dans ma version), faire des bisous qui chassent les bobos pour toujours.

Et j'ai l'impression que je ne suis pas toute seule, que certains trouvent leur rythme de croisière pendant l'ère bébé, mais le perdent, que certains gèrent admirablement la crise d'adolescence. Il y a peut-être même des parents qui se sentent meilleurs parents d'adultes que d'enfants. Et c'est parfait comme ça, ça nous donne une chance d'être le meilleur parent qu'on peut être, quel que soit le moment. Ou de garder l'espoir qu'on le deviendra.

Avez-vous l'impression d'être meilleur comme parent pour un âge plutôt qu'un autre?