Un vendredi soir, il y a quelques semaines, je me suis couchée avec une boule dans le ventre. Le lendemain, c'était le départ. Pour la deuxième fois depuis le début de ma carrière de maman à la maison, j'allais partir seule. Pas d'enfants, pas d'amoureux, pas de souci. Ha!

Not so fast! J'étais remplie de soucis, d'angoisses, de peurs, et, surtout, de culpabilité.

Quelle sorte de mère étais-je pour abandonner le bateau de manière aussi égoïste? Comment est-ce que je pouvais daigner lever les feutres pour aller me reposer? Pourtant, j'avais l'accord les encouragements de mon mari pour partir, pour prendre du temps pour moi. Je partais pour quelques contrats de photos, mais aussi pour me retrouver.

Faut croire que ce n'était pas assez pour me mettre à l'aise avec l'idée de partir. Moi qui avais tant besoin de souffler un coup, moi qui étouffais... soudainement, je regrettais amèrement cette idée avant même d'avoir terminé ma valise. 

Assise dans l'avion, prête pour le décollage et pleine de bonnes intentions, j'ai ouvert mon roman seulement pour y laisser mes yeux se reposer. Je me suis endormie sous la pression des quatre dernières années.

Je me suis réveillée dans une autre ville. La mienne, mon port natal. La seconde où mon pied a touché le sol, je n'étais plus Valerie-mère-au-foyer-de-deux-enfants. À 1000 km de ma progéniture, j'étais juste Valerie. 

C'était peut-être d'être sortie la première du petit avion qui me ramenait au bercail. C'était peut-être cette sieste si réparatrice. C'était peut-être l'air nordique que mes poumons connaissent si bien. C'était peut-être de savoir ma maisonnée en sécurité. 

Ou peut-être que ce sont toutes ces choses à la fois. Je suis sortie de l'avion avec la certitude que les sept prochains jours m'apporteraient repos et réflexions. Que les sept prochains jours m'appartenaient. 

***

Me voilà rendue au samedi suivant. J'ai survécu à ma semaine. Je me suis écoutée, reposée, écroulée, ennuyée. J'ai profité, mais pas trop. Je suis sortie, mais sans plus. J'ai vu les amis et la famille que j'avais envie de voir. J'ai fait du magasinage. Un peu pour les enfants, beaucoup pour moi. 
 

Crédit : valpoulinphoto/Instagram
 

J'ai pris des bains, j'ai lu, j'ai catiné le bébé naissant de mon amie, j'ai tricoté, je me suis couchée tôt (et tard), parfois j'ai mangé des Oreos pour dîner et des avocats pour déjeuner, j'ai fait la grasse matinée (souvent) et je passé du temps à ne rien faire. Ça fait du bien de ne rien faire.

Mais ce que j'ai fait le plus, c'est m'ennuyer. De ma vie, de mes enfants, de mon homme. De nous, ce que nous sommes, ce que nous avons créé. Ce que je tiens pour acquis par moment. Ce qui m'étouffe, au fond, me fait aussi respirer. 

J’ai profité de mon temps, mais, là, la madame était prête à rentrer. La Valerie de 29 ans qui est aussi mère au foyer. Celle-là.

J’ai l’impression d’avoir rechargé ma batterie, d’être prête à attaquer les aventures qui nous attendent et le quotidien qui nous berce. Je suis prête à me rappeler que d’être maman, ce n’est pas de s’oublier.

Avez-vous déjà pris un peu de temps pour vous? Ressentiez-vous aussi cette culpabilité?