J’entends parfois des parents qui sont tristes de voir leurs enfants grandir. Ça me fait toujours drôle : une partie de moi est jalouse et l’autre partie trouve ça vraiment bizarre. La route vers l’autonomie, c’est un parcours tellement émotif dans une vie de parent.
 
La responsable de mon service de garde m’a fait la remarque récemment, quelques jours avant le deuxième anniversaire de ma plus jeune : « Eh, t’as presque plus de bébé. »

Je me suis dit : enfin!
 
L’autonomie, « dans mon livre à moi », c’est précisément la job que j’ai à faire avec mes enfants. C’est le but ultime. Les voir franchir chacune des étapes de leur développement est pour moi une réussite. Et je suis tellement contente de voir qui ils deviennent, je me sens choyée d’être aux premières loges de l’épanouissement de ces trois personnes-là.
 
C’est sûr que chaque étape comprend ses défis. Peut-être que je dirai autre chose quand j’aurai trois ados à gérer. Mais pour l’instant, plus ils grandissent, plus je trouve ma job de mère intéressante. C’est peut-être une question d’habileté naturelle. Les bébés, je trouve ça plus difficile. Je me sens plus à mon aise quand ils parlent!
 
Évidemment, avoir ses enfants, petits, collés sur soi, c’est rassurant pour un cœur de parent. On sait où ils sont, et comment ils vont. On a qu’à penser à ces histoires de jeunes filles qui font les manchettes ces jours-ci en tombant sous l’emprise des gangs de rue, c’est à glacer le sang. En même temps, je vois plusieurs parents d’enfants devenus adultes qui entretiennent des relations privilégiées avec ceux-ci. Qui ont trouvé l’équilibre entre « parents symbole d’autorité » et « ami ». Ça me donne espoir pour l’avenir.
 

Dites-moi que ça existe des ados qui tournent bien!
Crédits photo : Chloé Dietz/Flickr, Boris Thaser/Flickr, Dan Foy/Flickr
Montage : Christine Porlier

 

Je trouve qu’une partie de l’art d’être parent réside dans l’adaptation à toutes les réalités de nos enfants, réalités qui bougent et changent pratiquement sans cesse. On commence à peine à être bien et à savoir comment réagir que déjà, les enfants sont rendus ailleurs et on doit encore apprendre comment les accompagner dans leur vie. C’est un dosage tellement délicat d’implication et de lâcher-prise. Je crois qu’il est impossible de toujours être dans le mille.
 
Par contre, il faut se le dire, plus les enfants sont autonomes, plus ils grandissent et plus on vieillit. Je crois que pour être à l’aise avec le fait que les enfants grandissent, il faut accepter notre propre sort d’êtres « vieillissant »! Jusqu’à maintenant, je m’en sors bien. Le fait de ne pas avoir de regrets et d’être bien avec ce que j’ai accompli (et pas encore accompli!) dans ma vie m’aide probablement dans ce sens.

Je pense bien que l’objectif dans tout ça, c’est d’apprendre à être bien dans le présent.