Enceinte jusqu'aux oreilles de ma première, j'attendais qu'on m'appelle pour mon rendez-vous de suivi de grossesse. Entre dans la salle d'attente une maman à l'air exténué, accompagnée de ses enfants et de son amie. Aussitôt qu'ils mettent les pieds dans la pièce, le petit se met à hurler. S'en suit la crise la plus violente que je n'avais jamais vue.

Nous étions tous consternés. Plus moyen de s'entendre même penser. Une partie de moi était prise de panique, parce qu'un petit bébé allait bientôt sortir de mon ventre et allait lui aussi un jour faire des crises. Et si je ne savais pas comment les gérer? Une autre partie de moi ne savait pas du tout comment réagir face à cette maman, au bout du rouleau, qui était venue chercher de l'aide face à l'angoisse et la violence des crises de son garçon.

Maintenant, je saurais.

Notre grande fille, nous l'aimons de tout notre coeur. Il n'y en a pas deux comme elle! Une chose qu'on puisse dire aussi, c'est qu'elle sait vraiment ce qu'elle veut dans la vie. Ça me remplit de bonheur, puisque j'ai moi-même beaucoup de difficulté à prendre des décisions, alors je suis très contente pour elle.

Par contre, côté crises, nous y avons goûté, je dirais... plus que la moyenne. Entre 18 mois et 4 ans, il n'y a jamais eu de pause. Certaines crises nous ont vraiment surprises par leur violence. J'ai eu à plusieurs reprises le coeur en mille miettes parce que ma grande, complètement en colère, tentait de se faire mal par tous les moyens. 

J'ai longtemps hésité à parler de tout ça. J'ai pensé aussi le faire sous le couvert de l'anonymat. Mais après mûre réflexion, pourquoi? Il n'y a aucune honte à avoir. Et si je peux réconforter ne serait-ce qu'un seul parent, cela en aura valu la peine. Ce que j'ai à dire est très important pour moi.

Alors voilà. Pendant les pires moments, quand Chouette nous a tenu en haleine avec des crises de plusieurs heures, quand elle en remettait de plus belle à toutes les heures de la nuit, quand elle testait toutes nos limites possibles en public, il est arrivé que mon côté rationnel ait pris le champ. C'était confrontant. Les pensées qui me traversaient l'esprit ressemblaient plutôt à : « Je suis vraiment la pire mère du monde! », « Qu'est-ce que je fais de pas correct? » ou « Je suis vraiment incompétente! ». 

Nous avons atteint un point où nous nous sommes décidés de consulter. Ça a été la meilleure décision! Après deux séances, nous étions déjà rassurés sur nos compétences parentales et sur la santé de notre fille. De plus, nous repartions avec plus d'outils. 

Toute la famille, nous avons travaillé très, très, fort pour améliorer la situation. Nous voyons finalement une grande amélioration et Chouette nous remplit de fierté. Il faut aussi souligner que les crises ne sont pas plus plaisantes pour elle que pour nous. Elle est très contente elle aussi du revirement de situation!

Si je pouvais remonter le temps pour retourner dans la salle d'attente, à travers les cris, je saurais maintenant ce que je voudrais dire à cette maman.

Je voudrais lui dire que les émotions, ça peut être très difficile à gérer et que ça, ce n'est pas sa faute, ni la faute de son enfant. Que pour certains, il peut s'agir d'un apprentissage plus ardu. Qu'aller chercher de l'aide est tout à son honneur et lui permet de mettre toutes les chances de leur côté.  Mais surtout, je voudrais lui dire qu'elle est une bonne maman.

Pensez-vous que nous parlons assez ouvertement des crises de nos enfants?