Il y a quelque chose de romantique, de suranné, dans l’idée de prêter sa plume et ses mots à quelqu’un. Mais As-tu les mots?, dernier bébé de Jennifer Beaudry, est résolument contemporain, voire Y : la boîte créative s’occupe aussi bien de profils Tinder, de menus de restaurants que de communications d’entreprises.

A/S/V?
32/F/Montréal

Combien d’enfants as-tu et quel âge ont-ils?
Mon Léo a déjà 8 ans. Je fais aussi les crêpes pour mes « beaux-amours » de 5, 7 et 10 ans.

Comment est née ton entreprise?
As-tu les mots? est le produit d’une discussion nocturne qui a eu lieu un peu avant Noël. Après six ans d’enseignement, je me retrouvais sans travail. J’y ai vu l’occasion de prendre un peu de recul. En m’interrogeant sur ce que je voulais vraiment faire de ma vie, j’en suis arrivée à la conclusion que je désirais écrire – ne faire que ça –  et avoir l’autonomie de ne répondre qu’aux besoins de mes clients.

Je le faisais déjà gratuitement : trouver un bon titre pour le travail d’une amie, pour le blogue d’une autre, rédiger une courte biographie, un discours pour les 75 ans de la mère d’une connaissance, réécrire un site Web… Ça implique de savoir lire les besoins implicites, d’être fin psychologue, empathique, de deviner ce que ne dit pas le client. 

Crédit : Dustin Lee/unsplach.com

Depuis combien de temps es-tu dans les affaires?
Moins d’un mois. Je m’étonne moi-même de la rapidité et de l’efficacité avec lesquelles j’ai mis le projet en branle. Mais il reste encore beaucoup à faire et j’aimerais, d’ici l’an prochain, avoir une demande assez importante pour m’adjoindre des collaborateurs.  
 
Qu’est-ce qui te motive le plus à continuer?
Je tripe! Si j’adore l’enseignement, je dois dire que je retire un sentiment d’accomplissement inouï à être aux commandes d’une entreprise qui me ressemble et me comble. Je pense que l’un et l’autre se complètent. L’enthousiasme de mes proches, la fierté de Léo (qui me demande chaque jour si j’ai de nouveaux contrats et qui a très hâte de travailler pour moi) confirment mon sentiment d’être à la bonne place.

Quel a été ton plus grand défi jusqu’à présent et comment as-tu réussi à y faire face?
La précarité soudaine. Je veux dire que comme prof, la précarité est un mode de vie,  mais cette fois-ci, il n’y a pas eu de miracle de début de session. J’ai appris à la fin janvier que je n’aurais pas droit à l’assurance-emploi (je me retrouvais avec une fraction de tâche nettement insuffisante), je n’avais aucun filet… j’ai décidé que le projet serait prêt pour le 1er février et que j’aurais mon premier contrat avant la fin de la première semaine. Je me suis entièrement engagée et ça a fonctionné.   

Quelle est la différence entre une entrepreneure et une mamantrepreneure?
Ah! La prudence, le risque calculé. On ne peut pas se permettre d’être aussi casse-cou qu’un entrepreneur qui n’est pas responsable de la santé, de la sécurité et du bonheur d’un enfant. J’ai accouché de Léo la semaine où j’ai reçu mon diplôme de Baccalauréat : sa venue au monde m’a forcée à me structurer et à foncer. Deux ans plus tard, j’avais déposé mon mémoire de maîtrise et je commençais à enseigner au Cégep. Mon fils m’insuffle une force, une détermination que je ne me connaissais pas. Sa confiance totale m’inspire à ne jamais abandonner un projet par peur de l’échec.

En un mot, être une mamantrepreneure, c’est ...?
Exaltant.

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