Je sais pas comment je fais ou plutôt comment je fais pas, mais mes enfants se ramassent tout le temps avec des couteaux, des ciseaux ou des aiguilles dans les mains. Je les quitte des yeux 4 secondes et ils finissent avec une fourchette ou leur brosse à dents dans la bouche en jouant à saute-mouton. Ou encore, ils sont debout sur un mobilier à l’équilibre dont même un équilibriste aguerri jugerait précaire.
Pourtant, ils ne sont pas particulièrement casse-cou. Mon plus vieux est plutôt peureux et prudent. La plus jeune grimpait en haut du lit mezzanine de son frère avant même de marcher et se garroche dans nos bras quand on descend au sous-sol. Rien d’extraordinaire pour une enfant de 2 ans me dites-vous.
En effet, le problème réside davantage de mon côté. Ce n’est que la continuité de ce que je suis; on dirait que je ne vois pas le danger ou la source potentielle de dangerosité des éléments. Par exemple, je vais laisser trainer le couteau de chef sur la planche à découper alors que ma fille est assise juste là, devant moi à l’ilot de cuisine. C’est évident qu’elle va l’attraper la seconde où je vais me tourner pour pitcher les haricots beurre dans la poêle. Je reviens à elle et je la vois qui s’est mise à la sculpture de bois de comptoir. J’émets un léger « HA! Non! » Je la dépose par terre, et le temps que je range le vilain couteau dans le lavabo, elle est en direction, version turbo jet, vers la poignée de la poêle dans laquelle crépitent les haricots. Parce que je ne l’ai pas, lui non plus, le fabuleux réflexe de tourner les poignées de poêle vers l’intérieur des ronds. J’ai comme pas tant la zone DANGER active.
Crédit : Marie-Eve Bouliane
Heureusement, rien de grave n’est jamais arrivé. N’empêche. Je dois être plus prudente. Évidement, éviter la proximité d’une chainsaw ou traverser la rue prudemment, ça j’assure. Soyez sans crainte, somme toute, mes enfants sont en sécurité.
Or, pour me déculpabiliser (!), je remarque que ce léger laisser-aller de ma part contribue à leur autonomie. Si, si! Assez tôt justement, ils ont su manipuler adéquatement fourchette et couteau à pain en même temps qu’ils découvraient les aliments. L’éducatrice, impressionnée, m’en a d’ailleurs fait la remarque à la garderie. J’étais quand même un peu fière!
Ainsi, le fait de n’avoir jamais bloqué les portes d’armoires ou banni les prises électriques me donnent l’impression que nous avons rendus les endroits interdits invisibles. Comme si laisser les éléments hasardeux accessibles, sans être proposés on s’entend, les rendent familiers et du coup, non attrayants. Vous me suivez? C’est exactement le même principe que celui qui dit que c’est toujours plus intéressant quand t’as pas le droit.
Ceci dit, ne faites pas comme moi! Ha! Je ne voudrais surtout pas être tenue responsable si votre enfant met sa langue dans le grille-pain!
Vous êtes plutôt lousse ou plutôt de type Kevin Costner dans BodyGuard?.