Récemment, ma belette, qui avait été jusque-là un modèle d’obéissance, de respect et de spiritualité, a découvert toute la puissance de ses deux ans d’expérience de vie. J’avais beaucoup lu à ce sujet et me sentais prête mentalement à faire face à mon premier bacon. Et pourtant, la première crise venue, j’ai été déstabilisée. Devant ses petits bras en moulin à vent, j’ai tempêté, portée par ses cris. J’ai tenté de crier plus fort que lui, j’ai répondu « oui! » à ses « non! » et « moi je veux! » à ses « ze veux pas! ».
Un retentissant échec.
Après quelques crises de pratique, j’ai maintenant un nouveau modus operandi. Je vous livre donc mes trucs testés par moi, pour vous, pour garder votre calme quand votre progéniture a perdu le sien.
L’empathie
Je me mets à sa place, à son âge. C’est vrai que dans notre vie quotidienne, on se fiche pas mal que notre cuillère soit verte ou bleue. Mais pour lui, c’est une réelle altération à sa qualité d’appréciation de ses céréales. Et ne pas apprécier ses céréales le matin, c’est le signe d’une mauvaise journée à venir.
Je ne l’excuse pas de me péter une coche (gratuite à mon humble avis) à 6 h 30 le matin, mais j’essaie de percevoir le problème avec ses yeux d’enfant plutôt que de l’interpréter avec mes yeux d’adulte, qui ont conscience de la guerre en Syrie. J’ai alors un peu plus d’indulgence.
Je vous le concède, cela n’a strictement rien de constructif en situation de crise. Ça me permet cependant de pouvoir en rire quelques heures plus tard!
J’avais lu ce truc dans un article du type 10 trucs pour que vos enfants vous écoutent. Je dois avouer qu’après l’avoir essayé à quelques reprises, ma belette ne m’écoute pas vraiment plus. En revanche, chuchoter en temps de crise a sur moi un effet bénéfique très calmant. Ça m’apaise moi, ce qui me permet de plus facilement le calmer, lui.
Dépendamment de l’intensité du moment, parfois, je ne dis carrément plus rien et j’agis. Je n’ai plus d’expression dans le visage, je ne pense plus à sa crise et je lui mets son foutu pyjama rayé, veut, veut pas. S’il se débat, je veille à rester en sécurité à l’abri de ses mouvements se crawle en eaux sèches et m’assure qu’il ne se blesse pas non plus. C’est tout. Pas un mot, pas un regard, pas de gros yeux et pas de sourire réconfortant.
Ce moment de black out émotionnel me permet de me recentrer et de me calmer. Je me chante une chanson ou me fais une recette de cupcake mentale. Quand je suis calme et que son pyjama est enfin boutonné, je lui fais un gros câlin jusqu’à ce qu’il se calme lui aussi (ce qui vient assez rapidement en général).
La projection fataliste (cœurs sensibles s’abstenir à tout prix)
Lorsque j’ai droit à une crise olympique et que j’en viens à vouloir régler le conflit par la force militaire, je me dis « et s’il mourrait dans la prochaine heure? ». Ma capacité de projection étant vaguement démesurée, j’ai rapidement les yeux pleins d’eau et je m’imagine prendre la parole à ses funérailles, soulignant l’extraordinaire garçon qu’il était (je vous l’avais dit, cœurs sensibles s’abstenir!). Ça me replace les choses en perspective assez raide.
Encore une fois, ça ne l’excuse en rien et ce n’est en aucun cas une raison pour qu’il puisse faire ce qu’il veut. Ça me rappelle toutefois que malgré les quelques tempêtes du quotidien, j’ai une chance incroyable de l’avoir dans ma vie et que mon bonheur ne devrait jamais être altéré par ses cris de cantatrice en mal d’attention.