On prend pas souvent le temps d'y penser pour vrai, je trouve. Ou bien, on y pense mais on focus sur ce que l'on ne voulait pas être au départ et que finalement on est maintenant. Un parent parfait. Une mère plus que correcte, pas juste sur la limite entre le « bof » pis le « wow ». On focus sur ce qui nous a glissé entre les doigts, parce qu'on avait le majeur levé. Fuck la routine du dodo. Fuck la bouffe bio. Fuck les jeux dirigés. Fuck toute. Pis après ça, on culpabilise.

À force de réflexion, j'en suis venue à me dire que je suis la mère que j'ai voulu être. Je pense. Faut dire que mes attentes n'étaient pas trop élevées. Faque, je me suis rendu compte un beau jour que j'avais dépassé mes propres attentes. Que j'avais upgradé dans mon rôle parental. Que je méritais maintenant une augmentation.

Quand j'ai postulé pour l'emploi, ça demandait juste un utérus, du sperme, de l'amour, du lait pis des bras. Après ça, on m'avait bien dit qu'il fallait beaucoup de capacité d'adaptation. Ce n'est pas ma qualité première ça, la capacité d'adaptation. Mais j'ai découvert avec le temps que ça pouvait être remplacé par un instinct et une intuition très forte. Pis là, je savais que j'étais en business. 

Au fil du temps, j'ai tellement été absorbée par ce nouveau poste que ça a pris toute le ciel de ma vie. C'est juste ça qu'on voyait dans l'horizon pis juste ça qu'on voyait en arrière, quand je tournais la tête. Ma vie était maintenant d’être maman. Une job 24/7. 

Un jour, j'ai décidé de sortir ma tête de la parenthèse en béton dans laquelle je vivais depuis plusieurs mois. J'ai regardé ailleurs. J'ai vu que ça se pouvait de m'épanouir dans autre chose que dans la maternité. Ça se pouvait avoir une augmentation sans être là steady. Je savais pas. 

Ma maternité, je l'ai toujours vécue avec beaucoup de passion et d'investissement. De l'allaitement prolongé, de la bouffe maison, de l'amour toujours, des becs dans le cou. Mais c'est bizarre, je me suis rendue compte qu'à un moment donné, ça stagnait. Fini le dépassement. J'ai pogné mon mur. 

Peut-être que c'est ça que la maternité m'aura fait réaliser, au fond. Oui, je suis la maman que j'ai voulu être, mais au détriment de quoi? Je ne suis pas la femme libérée que j'ai tant cherchée à cause de ma rigidité de tout faire parfaitement comme maman. Je suis une femme qui a une parenthèse de béton de collée au pied, une en avant, une en arrière, pis j'essaie d'avancer mais ça marche pas.

Mais bon, au moins, je suis la maman que je me devais d'être.

Et vous, êtes-vous celle que vous souhaitiez être comme maman?