Ce n’était finalement rien de plus qu’un nouveau décollement, un nouveau saignement impressionnant. Je suis à fleur de peau, j’ai vraiment l’impression que cette grossesse est interminable. Je me surprends même à avoir une pensée désespérée qui me suggère que j’aimerais mieux que ma fille sorte pour terminer de grandir en dehors.
Le personnel m’indique que l’on m’admet en unité de grossesses à risques élevés (GARE) jusqu’à ce que je n’aie plus de perte de sang pendant 10 jours consécutifs. Ils m’installent dans une nouvelle chambre.
Une chambre partagée dans laquelle je reste finalement 8 semaines. J’y fête mon anniversaire et les 5 ans d’amour de mon couple. Je rate le mariage de mon beau-frère, mes cours prénataux et mon shower. Je la déteste cette chambre au départ. J’étais bien seule dans ma petite chambre à m’apitoyer sur mon sort moi! Du moins, c’est ce que je croyais.
Crédit : Jessie Roy-Gonzalez
Finalement, vous savez quoi? C’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver! Les repas sont assurément d’une qualité supérieure (spécialiste de la bouffe d’hôpital qui parle ici). J’ai une douche adaptée et une méga fenêtre qui laisse passer le merveilleux soleil. C’est déjà suffisant pour me remonter un peu le moral, mais cette chambre m’apportera tellement plus.
Dans cette chambre, je sens la solidarité. J’y rencontre cinq colocataires au cours de mon séjour. Il y a celle qui vient de loin et qui retourne, à son grand bonheur, dans son hôpital. Nous parlons peu, mais nous sommes deux mamans anxieuses qui se comprennent. Il y a celle qui a le droit de se lever pour aller nous chercher du café. (MERCI!) Une autre maman qui s’ennuie de son plus vieux resté à la maison et qui me fait réaliser que ma situation pourrait être pire. Il y aussi celle avec qui j’écoute « Salut, Bonjour » sur la plus petite télé de la terre et qui a désiré longtemps son bébé qui veut sortir trop tôt. Il y a celle qui est restée, quand moi je suis partie.
Cette chambre, elle nous fait nous sentir en sécurité. Tous les jours, nous écoutons le cœur de nos bébés qui nous dit entre deux battements que la vie est belle pour eux malgré les tours qu’ils nous jouent.
Crédit : Jessie Roy-Gonzalez
Finalement, le personnel de l’hôpital me laisse partir à 35 semaines, m’assurant que le reste de ma grossesse va se passer sans encombre. Je n’ai pas saigné depuis au moins 10 jours. J’ai même le droit de me promener. Je suis pourtant partagée. J’ai tellement envie de retrouver un semblant de vie normale, mais cette chambre, je l’ai apprivoisée et elle me sécurise. Tout devrait bien se passer, il ne reste que 4 semaines après tout…
Semblerait qu’il y ait autant de grossesses qu’il y a de femmes! Et pour vous, ça se passe comment?