Je n’ai jamais eu de talent pour la musique, mais j’en ai quand même fait pendant plus de 10 ans. D’abord flutiste, j’ai troqué mon instrument délicat pour un violoncelle vers 15 ans. J’ai commencé trop tard pour aspirer à une carrière (bien que j’en aie déjà rêvé), mais ça ne m’a pas empêché de réussir mon DEC en violoncelle classique. Bizarrement, ce diplôme, j’y tiens. J’en suis même plus fière que de ma maîtrise. Moi qui ne suis pas une grande studieuse, cette fois-là, j’ai travaillé comme une défoncée pour y arriver (quoi qu’en pensait ma prof!). Je ne garde pourtant pas de très bons souvenirs de ces deux années de CÉGEP. Beaucoup de pleures, de stress, d’insatisfactions, de maux de dos, de culpabilité et parfois d’humiliations (oui, il y avait parfois des techniques pédagogiques alternatives…).
Étrangement, maintenant que j’ai évacué le violoncelle de ma vie, à grands coups de quotidien, de journées de seulement 24 h, de vaisselle prioritaire, de travaux de session et de progéniture, il me manque atrocement. Je regarde mon instrument prendre la poussière dans ma salle à manger, je me chante mes pièces de fin de session quand je marche, j’écoute des œuvres pour violoncelle : ça me ronge. Je voudrais le reprendre, en jouer, mais j’ai peur.
Mes années de musique restent pourtant en moi. Un petit jardin secret que j’ai cultivé parfois dans la lumière, parfois dans l’amertume.
Malgré ma relation amour-haine avec la pratique musicale, je souhaite de tout mon cœur offrir à mon fils la possibilité d’en jouer. Je rêve pour lui que la musique soit son amie. Quelle lui soit un outil de communication, une technique de cruise ou un punching bag, une manière de rire ou de pleurer. J’aimerais qu’il l’aime. Je n’ai aucune ambition de carrière pour lui (il fera bien ce qu’il voudra), mais pour moi, lui donner la chance de commencer tôt l’apprentissage de la musique, c’est lui ouvrir une porte de plus.
Je ne sais pas trop quand, avec quoi, ni comment m’y prendre, mais je trouverai.