J’ai déjà plusieurs printemps derrière moi, qui s’accumulent tranquillement. Certains sont colorés ou festifs, et d’autres sont plutôt fades. Je me remémore parfois ces moments qui m’ont conquise, puis ces moments qui m’ont blessée et qui m’ont souvent contrainte à tout abandonner et à aller de l’avant, malgré la peur de l’inconnu qui m’opprimait la gorge.

Quelques-uns m’ont déjà qualifiée d’être négative, dans mes propos ou dans ma perception de l’avenir. À tort ou à raison? Au fond, je n’en sais rien. Je ne vis que ma propre petite réalité individuelle. Je ne peux donc me référer qu’à mes expériences personnelles de vie.

J’ai souvent perçu intuitivement, comme des présages, les moments où mon quotidien et ma petite stabilité s’apprêtaient à s’écrouler. #JojoSavard
Aucun lien direct et vérifiable avec mon signe du zodiaque ou un quelconque fortuneteller : je suis juste particulièrement trop observatrice. Mon cerveau enregistre et analyse toutes les informations (majoritairement inutiles, il va sans dire) perçues dans mon environnement, ce qui lui permet ensuite de faire ses propres constats.

Zoltar

Comment parler de fortuneteller sans se remémorer le film Big et son Zoltar !
Crédit photo : Joanna Poe/Flickr

Sur ma route, il y a aussi eu ces indices que j’ai préféré ne pas voir, volontairement, alors que j’étais enceinte. Ces nombreux soupçons, qui cachaient de bien tristes pronostics pour mon couple, pouvaient attendre à plus tard. Ce n’était pas par déni : j’ai spontanément voulu les cacher dans un petit coin de mes pensées, sur une tablette poussiéreuse, pour y revenir au moment opportun. J’avais des enfants et une autre petite vie qui fleurissait en moi. Je préférais m’y concentrer et m’y consacrer, pour un temps du moins… Le temps d’accumuler tout le courage nécessaire pour affronter les aveux.

Pour la seconde fois, je me retrouvais seule. Les histoires n’avaient pas été identiques, mais le résultat était le même :  l’amour s’était encore effrité, en même temps que la confiance et le respect. Pourtant, cette fois-là, la solitude a été différente, et agréable même. J’ai pris le temps de me retrouver moi-même et d’être la maman que je souhaitais être pour mes enfants.

Avec le temps, j’ai eu envie de comprendre pourquoi, par deux fois, j’avais échoué. J’ai lu, j’ai réfléchi et j’ai vainement tenté de tout remettre en question. Je voulais réussir à défier le « jamais deux sans trois ». Cependant, c’est lorsque j’ai pris le temps de m’arrêter et d’écouter les visions et les opinions des femmes de mon entourage que j’ai enfin pu clarifier mes pensées et abandonner mes remords et ma culpabilité. #Sagesse

Oui, j’ai fait des mauvais choix à travers mon parcours. Certains auront été pires que d’autres et certains auront encore des répercussions dans ma vie familiale pour les années à venir. Mais ce n’était pas des échecs. Aujourd’hui, je n’ai pas de regret. Je suis fière de celle que je suis devenue grâce à ces expériences. Et je suis fière d’être auprès des enfants uniques et merveilleux que j’ai mis au monde.

J’ai découvert que même si le passé pouvait nous expliquer, jamais il ne nous obligeait.

Et je suis heureuse, car je possède encore un essaim de printemps devant moi.