L’histoire de la démission de Pierre-Karl Péladeau comme chef du Parti québécois m’a réjoui pour deux raisons. En premier lieu, je n’aimais pas beaucoup l’homme et son bagage antisyndical. Plus important cependant, ça aura permis de remettre la question de la conciliation travail/famille/politique en avant de la scène. Force est de constater qu’au Québec, on a de sérieuses questions à se poser à ce sujet.
Une question de perspective?
Tous les commentateurs qui se sont prononcés sur le sujet s’entendent pour dire que politique et famille ne font pas bon ménage. Trop exigeant disent-ils en chœur. Impossible si un des deux partenaires d’un couple (entendre ici la femme) ne sacrifie pas toute velléité d’ambition personnelle au profit du conjoint politicien.
Soupers spaghetti, réunions avec les notables de la circonscription, votes tardifs pour les parlementaires, longues réunions, voyages fréquents aux quatre coins du Québec sont autant d’obstacles qui se dressent entre le politicien et sa famille.
Je peux comprendre. J’ai un emploi assez exigeant. Je voyage beaucoup, je ne connais pas toujours mon horaire et ça remet beaucoup de poids sur les épaules de mon amoureuse qui est extraordinaire de patience et de tolérance. Jamais dans l’état des choses, je ne changerais cet emploi contre la charge de travail d’un député ou d’un ministre.
Un vieux modèle patriarcal et anachronique à revoir
Notre modèle parlementaire est basé sur deux choses :
- Ceux qui aspirent à un poste de député sont des notables en moyen;
- Ils ont une femme à la maison qui s’occupe à temps plein de la famille.
Ne cherchez pas, ce n’est écrit nulle part. C’est le système qui est bâti comme ça. Il a été pensé par des hommes ayant des professions libérales à une époque où c’est comme ça que la vie s’organisait. C’est ce qu’on en est venu à considérer comme normal. J’en veux pour preuve la quasi-unanimité des chroniqueurs de tous acabits qui scandent depuis le départ de PKP que c’est normal. Qu’à part quelques rares exceptions, il est impossible de concilier politique et vie de famille.
La famille avant toute chose
Peut-être que le problème fondamental, c’est notre système de valeurs. Peut-être que le problème, c’est notre vision de la famille. Ne disons-nous pas « conciliation travail-famille » et non « conciliation famille-travail »?
Les pays scandinaves (je sais, j’en parle beaucoup) mettent la famille à l’avant-plan. C’est pourquoi il n’est pas étonnant pour les Norvégiens, par exemple, de voir ce genre de reportage :
Le hygge?
Et si le hygge y était pour quelque chose? Ce petit mot danois trouve sa consonance dans les autres pays de l’Europe du Nord où la recherche du bonheur et du bien-être en famille prime sur l’absurde pression qu’on se met et qu’on met sur les autres au travail.
Là-bas, il n’est pas absurde qu’une politicienne ou qu’un politicien ait une famille et qu’elle ou il ne délaisse pas ses enfants malgré la tâche à accomplir. En fait, passer du bon temps avec sa famille en fait probablement de meilleures femmes et de meilleurs hommes d’État. Plus humains, plus concernés par ce que la population vit au quotidien. Et si on essayait ici aussi?
Avez-vous de la difficulté à concilier famille et travail?