Il ne faut jamais dire jamais. Je le sais. Nous ne sommes certains de rien. Mais je vous assure, la situation s’y prête.

Ça m’a pris beaucoup de temps à réaliser que je voulais des enfants. Je ne me suis posé la question que lorsque mon conjoint m’a fait part de son envie de fonder une famille. Sur le moment, je n’ai pas compris pourquoi l’idée d’avoir (ou pas?) des mini-nous ne m’avait jamais frôlé l’esprit.

Maintenant, je sais. J’en avais déjà ma claque d’être une maman. Avant de l’être pour vrai.

Tout au long de mon enfance, de mon adolescence et de ma vie en général, ma mère a fait des dépressions. Parfois diagnostiquées, parfois pas. Elle a été médicamentée, oui, mais n’a jamais voulu faire de suivi psychologique. Chez nous, on ne « jase » pas de ces choses-là. Allez hop! Une p’tite pilule et on n’en parle plus… Et si quelques bières accompagnent le tout, le mal-être s’éloigne un peu plus encore et l’avenir semble plus doux.

Je suis l’aînée d’une famille nombreuse et j’ai vite compris que si je voulais que tout roule plus ou moins rondement, il fallait ménager ma mère. Elle était une parfaite gestionnaire du quotidien, mais ne supportait aucune forme de stress. Je me suis donc mise à régler les crises, les problèmes, les peines, les angoisses en secret.

Et puis, il y a eu (et il y a toujours) les confidences. Les blessures d’enfance. Les insatisfactions constantes. Les problèmes de couple. L’envie de mourir.

J’ai été la première sur la ligne, le premier témoin auditif quand elle a fait sa tentative de suicide. Je n’ai pas reconnu sa voix. « Tu reviens quand à la maison? ». Le ton d’une enfant qui s’ennuie de sa maman. Une enfant à moitié endormie. Déçue de s’être réveillée.

Je n’ai pas de mots pour qualifier la peine qui m’habite quand j’y pense. Ce geste, c'est ma plus cuisante défaite, la plus horrible des trahisons. J’ai échoué à la rendre heureuse. Elle a voulu m’abandonner.

Je m’ennuie du temps où je ne savais pas que c’était une possibilité. Où elle arrivait à me rassurer. Évidemment qu’elle n’a pas voulu me faire de mal et qu’elle ne sait pas qu’elle m’en fait encore. Elle a fait du mieux qu’elle a pu. Elle se bat contre une très vilaine maladie.

Je vis bizarrement ma relation avec elle depuis. Je fais comme si, mais, je ne me sens jamais impliquée entièrement. Je peux rire avec elle une minute puis avoir beaucoup de difficulté à lui rendre son câlin la seconde suivante. La blessure est encore bien présente.

Alors, je me fais une promesse. J’offrirai du réconfort à ma fille tout au long de sa vie. Des bras enveloppants. Un sentiment de sécurité. Je ne l’abandonnerai pas.

Elle ne sera jamais ma mère. Je serai la sienne. C’est tout.

Quelle promesse vous faites-vous par rapport à votre rôle de mère?