Récemment pendant un party de bébé, une mère a tenté d’être amie avec moi. J’aime beaucoup rencontrer de nouvelles personnes. Parfois ça clique et parfois non.
Small talk maternel oblige, nous avons parlé « progéniture ». Rapidement, j’ai senti que nous n’étions pas sur la même longueur d’onde, mais bon, je n’exige pas que tout le monde soit comme moi (sinon, je ne donnerais pas cher de l’Humanité!). Mais mes oreilles ont frisé lorsqu’elle m’a lâché : «… à notre accouchement… »
Votre accouchement? Vous étiez combien à ouvrir les jambes? Ton chum, a déchiré à combien? La péridurale lui a-t-elle donné mal au dos après?
Étrangement, en utilisant ce pronom personnel, j’ai eu l’impression qu’on dépossédait la femme d’un acte qu’elle seule vit vraiment. Que l’accouchement soit « facile » ou « difficile », c’est quand même le corps de la femme qui s’entrouvre douloureusement, se contracte, se déchire. Il n’y a, au final, qu’elle qui pousse, qui a mal, qui saigne.
Ok, je l’admets, un accouchement requiert un travail d’équipe. Je ne minimise pas non plus l’implication du personnel médical. Il est nécessaire, il va sans dire. Et que dire du père qui vit lui aussi des moments difficiles d’impuissance et d’empathie. Mais vraiment, VOTRE accouchement? Je n’y crois pas. Je ne vois pas comment.
Utiliser le verbe « accoucher » avec un pronom personnel pluriel, c’est selon moi aller trop loin dans la sérénissime zénitude de la naissance d’un enfant. J’accouche, j’endure, je pousse. Tu attends, tu compaties, tu passes la bouteille d’eau (tu fais tout ce que tu peux). Il naît. Nous sommes heureux. Nous sommes trois quand même.