On m’a souvent dit dans mon entourage que devenir parent influençait le cercle d’amis à la baisse. C’est quand même facile à comprendre puisqu’après tout, l’arrivée d’un nouvel humain dans la vie d’un couple le force à concentrer ses énergies et son attention vers le poupon. Les boires, les couches, les bains, les nuits blanches (sans alcool), bref le rythme de vie se plie dorénavant à celui de l’enfant beaucoup plus que sur celui des 5 à 7 qui s’étirent. En soi, ceci n’a rien d’anormal à mes yeux. C’est même un espace qui m’apparaît nécessaire et fort sain. Sans être une loi générale, le rétrécissement du nombre d’amis semble être un dommage collatéral assez répandu.
 


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Ce qui est plus difficile, c’est de s’apercevoir que son cercle d’amis s’est rétréci bien avant l’annonce de la grossesse. Dans mon cas, un retour tardif à l’université à temps plein aura eu un impact considérable sur mes liens d’amitié. Retourner sur les bancs de l'école au début de la trentaine fut une décision pleine de bon sens. Je ne regretterai jamais avoir quitté un domaine qui ne me correspondait pas en termes de valeurs pour arrimer celles-ci vers quelque chose de plus cohérent. Au passage, ce sont des bouleversements bien plus profonds qu’un changement d'emploi qui se sont produits. J’ai évolué au gré des rencontres et des nouvelles connaissances acquises, créant parfois un clivage avec mes vieilles amitiés. Même si j’ai rencontré plein de personnes super intéressantes, dont quelques-unes qui ont eu une grande importance dans ma vie, je constate tout de même un vide autour de moi.

Or, l’annonce de l’agrandissement de ma petite famille aura sûrement suscité un nombre record de « like » sur un statut Facebook, mais il aura surtout mis en lumière la perte prématurée d'un bon nombre de personnes de mon entourage. Je le savais depuis un bon moment déjà, mais plus les mois passent, plus les événements spécifiques à la venue de bébé s’enchaînent, plus je l’ai dans la face. C’est là. Je ne peux perdre plus que ce que je n’ai plus.
 


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Sachez que je ne suis pas en train de courir après ces amitiés non plus. J’ai ma part de responsabilité, j’en conviens. J’irais jusqu’à dire que ma situation est le résultat d’un choix. En effet, à un certain stade de ma relation avec ma conjointe, j’ai senti que #LesAmisAvantTout prenait le bord parce que c’est avec elle que je voulais vieillir et avoir une famille. Alors, est-ce que j’ai saboté moi-même mes relations ou est-ce un changement qui s’est enclenché avant? Peut-être un mélange des deux?

Il se pourrait que ce soit bien plus complexe qu’un retour à l’école, qu’une grossesse, que la trentaine, ou quoi que ce soit. Il n’en reste pas moins qu’il y a des jours où l’amertume me reste collée au palais, tandis qu’il y en a d’autres où je l’avale cul sec sans rien goûter. Comme si parfois je sentais qu’il n’est pas normal de vivre cet écumage, ou qu’au contraire cela relèverait du cours normal des choses. Il n'en reste pas moins que ces choix, dont mon choix de fonder une famille, ont des répercussions dans la sphère amicale.

Avez-vous perdu des amitiés dans le chemin de la parentalité? Vous avez réagi comment?