J'ai toujours eu le facteur émotif dans le tapis.  Ma mère m'appelait affectueusement sa drama queen.  Ce qui pouvait sembler de l'extérieur être une réaction démesurée et inutile à un événement pas digne de s'énerver le poil, dans mon monde intérieur, ça occupait tout l'espace. 
 
Quand ma meilleure amie ne m'avait pas saluée en sortant de l'autobus, ou quand une autre amie racontait des trucs dans l'oreille de l'autre en me regardant du coin de l'œil, le hamster émotif et débordant de créativité qui habite mon cerveau se mettait à actionner la petite roue. 
 

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Enfant, c'était des épisodes anxieux de niveau débutant : petites angoisses paranoïaques, courtes crises de larmes, maux de tête, sentiment général dépressif.  Mais ça m'a obligée à développer un super mécanisme de survie : l'évasion.  Ce n'est pas pour rien que j'avais toujours le nez dans un roman, peu importe son sujet ou sa longueur.  Tant que c'était suffisamment captivant pour me permettre d'éviter au hamster de remonter sur sa roue, j'étais game.  Je suis devenue une pro de l'évasion émotive.  
Mais le problème avec cette stratégie, c'est qu'elle est difficile à maintenir quand vous vieillissez et que vous avez des enfants.  Premièrement, parce que les épisodes sont souvent promus au niveau intermédiaire ou avancé, et qu'ils deviennent un peu plus tricky à ensevelir sous l'histoire fictive d'une chasseuse de vampires qui tombe en amour avec le roi des buveurs de sang.  #YAFTW  

Mais maintenant que je suis maman, ce qui m'inquiète le plus dans tout ça, c'est que c'est loin d'être quelque chose que je veux transmettre à mes enfants.  Oh non! 
 



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Pendant une croisière aux baleines à Tadoussac, j'avais ma fille dans les bras, elle ne devait pas avoir encore 2 ans, et mon grand de 4 ans tenait la main de son père.  C'était un giga bateau de croisière, le genre qui a trois comptoirs alimentaires et des ponts plus grands que mon appartement. 
 
Ils ne fournissent pas de gilets de sauvetage sur ces bateaux, les risques de tomber à l'eau étant quasi inexistants.  Malgré cela, j'ai eu mon pire épisode anxieux à vie ; je ne pouvais m'empêcher de voir en boucle, tel un GIF from hell, mes enfants tomber en bas du bateau et se noyer dans ce fleuve immense.   

J'ai dû m'asseoir à l'intérieur, fermer les yeux et m'évader pour le reste du trajet dans les cheveux de ma fille pour arriver à me ressaisir.  C'est facile à faire avec des bébés pas trop grave s'ils vous voient perdre vos moyens, mais vous faites quoi avec des plus grands qui voient tout?  
 


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Je veux que mes enfants soient suffisamment en maîtrise de leurs moyens pour faire face à n'importe quel échec, n'importe quelle situation inconfortable, n'importe quelle incertitude amoureuse.  Je veux qu'ils aient assez confiance en eux pour croire d'instinct en l'amour des autres pour eux, sans chercher à se protéger constamment contre le rejet.  Je veux qu'ils soient capables d'affronter n'importe quelle déception en sachant fort bien qu'ils méritent mieux.  

Avez-vous peur de transmettre votre anxiété à vos enfants?