Un enfant, c’est une fierté. C’est le bonheur d’une vie que nous voulons partager avec nos proches. Ça nous rappelle également l’absence de ceux qui nous ont quittés, particulièrement lorsque ce défunt était une personne très significative.
Vous savez le genre de personne qui, pour une seule raison (ou mille), change votre vie. Celle qui prononce une phrase qui vous reste en mémoire chaque jour. Celle qui est présente pour vous chaque étape de votre vie. Cette personne à qui vous pouvez presque tout confier et qui vous connaît donc mieux que quiconque. Celle qui rend votre relation si spéciale. Cette personne qui partage tous vos bons coups et qui est fière de vous même lors des moins bons. Ça peut être votre mère, votre père, une amie, un professeur ou tout autre membre de votre famille.
Moi, c’était mon arrière-grand-maman. Elle s’appelait Reina.
Crédit : Vanessa Baril
Je me souviendrai, toute ma vie, du jour de mes 20 ans. C’est lors de cette journée qu’elle nous a quittés. Son départ a eu l’effet d’une bombe. Vous me direz que c’était dans l’ordre des choses. Je vous répondrai que, pour une octogénaire, elle était en pleine forme.
C’était la matriarche de notre famille, le pilier. Toute la famille a été secouée.
Petite longue histoire, ma grand-mère et ma mère ont eu des enfants très jeunes. Résultat? Ma grand-mère maternelle a acquis ce titre alors qu’elle n’avait que 37 ans. Lorsque je suis née, toutes les deux étaient actives sur le marché du travail, avaient une vie sociale bien remplie et le système d’assurance parentale n’existait pas. Le logis de mon arrière-grand-maman fut donc ma première garderie. Dès mon très jeune âge, elle a veillé à mon petit bonheur et à celui de mes frères et sœurs. Tout comme elle l’avait fait pour ma mère et mes oncles.
C’était une mamie typique. Elle incarnait la bonté et était d’une générosité sans bornes. Reina avait toujours travaillé très fort dans la vie. À ses côtés, on sentait la valeur de chaque chose. Aucun gaspillage, que ce soit de nourriture ou d‘article ménager; chaque pot avait une deuxième vie.
J’ai eu la chance de partager ses dîners durant deux ans. Lors de ma 5e et 6e année, j’allais la rejoindre chaque midi. Elle me recevait comme si j’étais une princesse. J’avais droit au repas complet chaque jour : soupe, salade, plat principal et dessert. Elle remplissait aussi mes poches de collations et de bonbons. Je me demande vraiment pourquoi j’ai pris 10 kilos durant ce temps. Ha!
Même combat.
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Après avoir écouté la liste des morts du jour à la radio communautaire dans laquelle elle connaissait toujours quelqu’un #MêmePasUneJoke, on jasait. J’ai appris beaucoup sur son rôle de femme durant ces discussions. Elle me faisait rire lorsqu’elle me prédisait une carrière de coiffeuse ou d’esthéticienne, alors que je n’ai aucun talent dans ces disciplines. Quelques années plus tard, je suis plutôt devenue « garde-malade » et elle adorait prendre des nouvelles des petits bébés dont je prenais soin.
J’aurais aimé qu’elle rencontre ma fille, qu’elle sache que je suis devenue une maman. Elle était tellement fière de nous et nous l’exprimait souvent. J’aurais souhaité que ma fille puisse apprendre à coudre et à tricoter comme elle me l’a enseigné. Qu’elle la batte aux cartes sans savoir si Reina l’avait laissée gagner ou si elle était vraiment douée. Qu’elle puisse avoir la chance d’entendre les anecdotes de mon arrière-grand-maman et savoir un peu plus d’où elle vient.
Ma fille est née durant les froids mois d’hiver. Souvent, j’ai entendu sa voix me dire de lui ajouter une couche de vêtement parce que ma grand-maman avait toujours peur que nous ayons froid.
Crédit : Vanessa Baril
Je sais que j’ai un peu de Reina ancrée en moi. Elle n’est plus avec nous physiquement, mais j’entretiens sa mémoire et j’essaierai de transmettre à mon enfant le bagage qu’elle nous a laissé. Je me console en me disant que ma fille a la chance d’avoir, elle aussi, une arrière-grand-maman très jeune, très inspirante et qui sera encore plusieurs années à ses côtés.
Avez-vous perdu une personne significative? Qu’auriez-vous aimé qu’elle transmette à votre enfant?