Petit homme n’avait que deux ans lorsque son petit frère est venu tout chambouler. Il a dû apprendre à partager ses parents comme on partage un simple jouet. Il a dû se contenter de moins de temps seul avec moi. Le temps passé juste nous deux, comme si on en avait à l’infini, il n’y en avait plus autant.
Moi aussi, j’ai dû apprendre à ME partager. J’ai dû laisser papa prendre plus de place. Beaucoup plus de place afin de pouvoir donner à bébé tout l’amour et les soins dont il avait besoin. Et je le lui ai donné parce que je souhaite être juste et égale envers eux. Seulement, j’ai le sentiment d’avoir manqué une tonne de petits moments avec mon aîné.
Il n’a que deux ans. C’est petit pour être un grand frère. Pourtant, lui, il est fier d’être le plus grand. Moi, je le trouve petit pour accepter de devoir se contenter de moins. Ou c’est moi qui ai du mal à lui donner moins de temps qu’avant. Cela doit être difficile pour lui de saisir pourquoi je ne peux plus rester jusqu’à ce qu’il s’endorme tous les soirs.
Il était le centre de mon univers. J’ai deux centres maintenant et je sens que je perds parfois l’équilibre. Je tente par tous les moyens de rester droite et bien ancrée. Pourtant, je chambranle souvent. Le temps file à une vitesse folle. Il me tire les traits et fragilise mes nerfs au passage. Je regarde Félix grandir. Ses mots, ses expressions. Il m’émerveille par son évolution constante et il me manque même quand nous sommes ensemble.
Du haut de ses deux ans, j’ai l’impression qu’il comprend déjà beaucoup la vie. Parfois, j’ai peur que nous lui en demandions trop pour son âge en lui imposant de comprendre qu’il n’est pas le seul à avoir besoin de nous.
Ce soir, il a choisi papa pour le border. Il me boudait un peu parce que je l’ai mis au lit trop vite selon lui. Je suis allée me coucher tôt, histoire d’avoir le pied plus stable demain et pour peloter mon cœur de maman dans du doux. Peu de temps après, il s’est mis à pleurer en m’appelant. En allant le voir, je me suis aperçue qu’il rêvait. Il avait besoin de moi dans son rêve. Malgré tout, je ne perds pas ma place et ça, c’est très doux pour mon cœur de maman un peu fragilisé.
J’ai caressé ses cheveux et embrassé sa joue avant de retourner au lit un peu plus légère.
Vous arrive-t-il de perdre pied à l’occasion avec vos enfants?