Quand j’ai accouché pour la première fois, j’ai mis au monde un solide doute. Et un enfant, oui, mais aujourd’hui, c’est du doute dont je voudrais vous parler, parce que c’est ce sentiment qui m’a fait découvrir la recherche frénétique. En effet, je peux affirmer, sans avoir besoin de sonder la population qui m’entourait à ce moment-là, que j’étais possédée par le besoin de tout savoir et de tout comprendre : je pouvais rabattre le caquet de quiconque m’indiquerait que je faisais fausse route avec mes techniques de mom-to-be. Non seulement j’appliquais ce que la recherche me dictait être la bonne chose, mais en plus, je conservais, en favoris, les sources fiables vers lesquelles je pouvais rapidement rediriger mes détracteurs s’ils se présentaient, ou si ma belle-mère venait souper.

Or, ma fille aînée en grandissant m’a fait comprendre que tout ça, c’était un peu n’importe quoi. TOUTE l’information classée par dossier sur le bureau de mon ordinateur n’a jamais rien donné. Voyez-vous, ma progéniture faisait ses règles, parmi lesquelles figuraient : « Dormir, c’est pour les nuls », « Les livres disent n’importe quoi » et « Le 5-10-15 (méthode d'endormissement qui consiste à attendre 5, puis 10, puis 15 minutes avant d'aller voir son bébé), c’est non ».

Le problème, c’est qu’à l’époque, il y a 9 ans (200 ans en recherche sur l’alimentation des bébés), le gourou, c’était Dr Nadia. Dr Nadia trouvait que les punitions et le 5-10-15, c’était la solution à toute chose. Vous ratez votre teinture? Vous manquez le bus? : 5-10-15. Dire sur un forum que Dr Nadia, on l’aime autant qu’une écharde dans le pied, c’était une hérésie sans précédent. Mon premier enfant m’a donc rendue hérétique.

Quand j’ai accouché pour la deuxième fois, j’étais un peu plus calme. Avec le temps qui passe, aidée par mes enfants qui grandissent effrontément trop vite, j’ai compris que je ne savais rien. Oui, être informée aide à appuyer son jugement critique, mais le jugement parental, on ne l’active pas au moment où on expulse le placenta : il grandit avec les enfants. Le problème, c’est qu’au fur et à mesure qu’il croît, nous réalisons à quel point nous avons été épouvantablement brainwashés par la mode et le marché payant de la parentalité. Ç’aurait été chouette de le savoir avant, non?

Pourtant, moi, on m’avait avertie. Des grands-mamans, des mamans avec un tantinet plus d’expérience, des romans, des blogues…, je n’écoutais rien! Mes filles sont encore toutes petites, mais déjà, je sens cette fermeture à mon égard quand je discute avec un nouveau parent. Déjà, il me répond patiemment que « les recherches ont évolué depuis la naissance des filles ». Hey! Je les ai eues entre 2007 et 2009 et on me parle déjà comme à une grand-mère qui fait un monologue du temps où elle marchait un mille dans le verglas pour s’éduquer!

Pourquoi n’irions-nous pas chercher un peu de toute l’expérience qui nous précède pour adapter les diktats des courants éducatifs aux besoins spécifiques de nos enfants? Et si nous aiguisions nos théories par les essais et erreurs des autres?

Aurez-vous l’audace, vous, d’utiliser le passé dans la construction de votre avenir?