Comme beaucoup de nouveaux parents, nous avons occupé notre première nuit à trois à l’hôpital à admirer notre bébé. La première journée de vie de notre fils a été ponctuée de visites de parents et amis. Après vingt-quatre heures, nous nous sommes enfin retrouvés seuls, épuisés, mais en famille dans notre chambre.
 
Nous dormions tous lorsque l’infirmière est venue pour faire la mise au sein. En me réveillant, j’étais un peu mêlée. Je dormais sur le côté droit de mon visage. Il me semblait que, quand je parlais, ce côté était plus lent. Je le pensais engourdi par ma position durant mon sommeil.
 
Après quelques minutes de discussion avec l’infirmière, je sentais toujours lourde la partie droite de mon visage. Je lui en ai fait part. Elle m’a regardée, les yeux ronds, et m’a demandé si je blaguais trois fois. La panique s’installait un peu plus dans sa voix à chaque répétition.
 
Elle est sortie rapidement et est revenue avec la gynécologue. Celle-ci m’a fait faire des tests physiques et a vu rapidement que le côté droit de mon visage répondait moins bien.
 
Rapidement, ma chambre s’est remplie d’infirmières et de médecins. J’entendais leurs conversations. Je m’efforçais de faire la sourde oreille lorsque je les entendais parler d’AVC. Tous me demandaient de verbaliser mes sensations, d’effectuer certains mouvements et de répondre à toutes sortes de questions sur mon historique médical.
 
La nuit s’est soldée par un scan cérébral, un électrocardiogramme et une série de tests physiques toutes les 15 minutes. C’est au petit matin qu’on m’a finalement dit que j’étais atteinte de la Paralysie de Bell.
 
La Paralysie de Bell est une paralysie faciale périphérique. En d’autres mots, la moitié du visage est paralysée. On trace une ligne qui part des cheveux et qui va jusqu’à la pointe du menton. Tout ce qui se trouve d’un côté devient immobile. Elle s’attrape comme un virus et s’en va également comme un virus. Au bout de 6 à 8 semaines.
 
Les premières semaines ont été difficiles. Ma paupière droite était immobile en position ouverte. Prendre une douche devenait impossible. J’ai dû la coller avec du ruban adhésif pour éviter que mon œil ne sèche. C’était chic en public. Manger et boire avec la bouche de Jean Chrétien était aussi tout un défi.
 
La paralysie a fait partie de ma vie six longues semaines. Elle a commencé à s’estomper la cinquième semaine. Je n’en ai gardé aucune séquelle, heureusement. Mais les chances de récidives sont de 10 %. Je croise les doigts pour ma prochaine grossesse.
 
Et vous, avez-vous vécu quelque chose d’inhabituel suite à un accouchement?