Demain ce sera sa fête. Après tant d’années, je n’oublie pas… Cette année, encore, je pense à lui ou plutôt à sa violence. Est-ce que c’est parce que je suis enceinte à nouveau et que ce bébé, qui grandit en moi, révèle mon instinct de protection? Est-ce que c’est parce les rêves reviennent me hanter?
Pendant plus de 10 ans, il m’aura hanté durant de longues nuits. Il m’aura assassiné mille fois. Il aura continué à me détruire à petit feu…
L’année dernière, j’ai dû entamer un processus de guérison. Puisque lors d’une nuit froide de février, j’ai donné naissance à mon bébé, et en l’expulsant, mon armure s’est brisée. La maternité m’a confrontée à toute ma sensibilité, j’étais complètement à fleur de peau, pour ne pas dire en sang. Toutes les défenses forgées durant ces années n’existaient plus, je me suis donc mise à dysfonctionner et la descente a fait mal, trop mal. Mes cauchemars sont réapparus de plus en plus fort. J’ai dû regarder la réalité en face, je ne pouvais pas l’effacer de ma mémoire. Je l’ai donc affronté, j’ai appris à vivre avec mes démons, à vivre cette putain de colère que je gardais en moi depuis beaucoup trop longtemps, j’ai craché tout mon venin et je l’ai vaincu à mon tour.
Et j’ai dû apprendre à me pardonner.
Me pardonner d’avoir laissé ses mains me secouer à m’en faire perdre le souffle.
Me pardonner de m’être laissé violer plus d’une fois.
Me pardonner de m’être laissé frapper.
Me pardonner de m’être laissé rabaisser pendant des années.
Me pardonner de m’être complètement perdue et d’avoir oublié mon identité…
Me pardonner de l’avoir laissé être la personne la plus importante dans ma vie et qu’il en ait profité pour me détruire…
Me pardonner de n’avoir été qu’une enfant et de ne pas avoir su me protéger…
Et je l’ai fait et, enfin, j’ai pu commencer à apprendre à vivre en moi-même. J’ai réussi, pour la première fois, à me détacher complètement de cette histoire qui a entaché une partie de ma vie. J’accepte maintenant les traces qu’elle a laissées en moi, ce n’est pas facile tous les jours, mais je respire mieux et la peur m’a quittée définitivement. Parce que, oui, pendant des années, je n’ai pas pu dormir sur mes deux oreilles, je ne pouvais pas tolérer quelqu’un qui se tenait dans mon dos, j’avais trop peur. Je sursautais si quelqu’un montait le ton. Le pire, c’est que je n’ai jamais rien montré, j’avais trop honte. Et le jour où je me suis guérie, j’ai commencé à apprendre à m’aimer et à reconnaître ma valeur. Je ne permettrai plus jamais, et à personne, de toucher à ma propre valeur…
Crédit : Giphy
J’aurais aimé écrire ces mots en mon nom, mais le chemin de la guérison n’est pas tout à fait fini. Un jour, cette histoire, je la raconterai sous mon vrai nom et ce jour-là, je me saurai complètement guérie…