À l’aube de la trentaine, j’ai senti l’appel de la maternité, mais cet appel était très lointain, un écho dont je n’étais pas trop certaine du sens. Un diagnostic de prédiabète dans la vingtaine, des soupçons d’ovaires polykystiques, des règles irrégulières et quelques « accidents » sans petit plus m’ont menée à penser que j’étais peut-être infertile et que tomber enceinte, ça n’allait pas être de la tarte. Ayant peur de l’échec, me convaincre que je n’en voulais peut-être pas au fond, c’était plus simple que d’assumer un désir et de me casser la gueule. Plus simple que d’avoir mal.

Peur de l'échec? Moi? Non non...
Crédit : Giphy

J’étais donc dans une éternelle valse de oui-non-non-oui. Après en avoir jasé avec l’amoureux, nous avons décidé d’arrêter de nous protéger. Le but dans sa tête : faire un bébé. Le but caché dans la mienne : laisser décider la nature, voir si l’éventuelle déception au fil des mois qui passent allait enfin me révéler si je voulais ou pas des enfants. Puis, j'irais consulter en fertilité dans un an pour voir si le projet était viable ou non. Dans ma tête, j’allais devoir prendre des hormones pour tomber enceinte. Même en prenant de la metformine, j’étais toujours irrégulière, alors… Malgré l’arrêt de contraception, j’étais encore passablement mélangée.

Le premier mois passe. Ah, on dirait que je suis un peu déçue. C’est bon signe! En même temps, j’ai la chienne.

Le deuxième mois passe. Fiou, je ne suis pas enceinte. Je viens d’avoir un accident perte totale avec des tonneaux et tout, on dirait que j’aurais peur que la crevette en ait été affectée, bonne chose que je sois encore toute seule dans mon corps.

Le troisième mois commence et amène avec lui le printemps. Et ça ne me tente pas d’être enceinte… J’ai hâte aux terrasses, j’ai juste envie de prendre une bière et de me bourrer de tartare, je rêve de simplicité, de vacances. Je ne sais plus ce que je veux. Je tergiverse, encore. J’en jase avec un ami qui me dit d’arrêter de me poser des questions, de rentrer chez nous, pis de fourr**. Ce que je fais, mais juste pour le plaisir, pas pour tomber enceinte. J’en suis au jour 14 et mes cycles sont généralement quelque part entre 35 et 50 jours.


L'été dont je rêvais
Crédit : Unsplash/Pixabay

Dans les jours qui suivent, l’amoureux me dit qu’il faudrait le faire si je veux tomber enceinte. Bah, ça ne me tente pas, on verra le mois prochain. Les jours passent et je me sens bizarre. Je fais plein de rêves, je dors mal, j’ai mal aux seins, ce qui ne m’arrive jamais. Au jour 27 de mon cycle, je rêve que je fais un test de grossesse positif. Le genre de rêve hyper réaliste qui nous laisse un peu confus, ne sachant plus la frontière entre le réel et le rêve. Je me lève et me dirige vers la salle de bain, le ventre noué. Je fais un test et le petit plus apparaît. Ouch. Je devrais être contente, mais j’ai l’impression que je viens de recevoir un coup de 2X4 en pleine face. Comment annoncer ça à mon amoureux?

À suivre…