
L’horloge sonnera sous peu le coup de ses deux ans. Bien que dans l’esprit populaire, le mot terrible y soit trop souvent associé, sous notre toit, ce tournant vers l’autonomie apporte plutôt une vague de complicité renouvelée.
Petit bout d’homme indépendant, il ne se pose jamais plus que quelques instants. Sa curiosité insatiable le pousse depuis longtemps à échafauder de drôles de plans qui impliquent des sauts et du vide, ce qui met notre gestion de stress à rude épreuve.
Un endroit était étrangement épargné : sa couchette. Sans que nous sachions pourquoi, il n’a jamais tenté d’en sortir. Chaque soir, après quelques minutes à être bercé, il réclamait son lit où les barreaux semblaient tenir lieu de remparts et contribuer à son sentiment de sécurité.
Puis, notre déménagement est venu. Papa préparait secrètement le passage vers son lit de grand garçon. En catimini, dans le garage, il coupait et assemblait avec amour cette petite maison qui veillerait sur ses nuits.

Crédit : Annie-Pier Couture
Nous avons anticipé sa réaction. Et s’il refusait d’y dormir? Après tant de préparation et d’efforts… Le soir du déménagement, nous avons tenu sa main et lui avons fait découvrir cette nouvelle chambre qui le verrait grandir. Son regard et son sourire ont éclipsé notre inquiétude en moins de deux.
Je le revois encore lâcher ma main, courir, sauter sur son lit et poser sa main en me disant : « Place maman! Dodo ici. »
Il m’invitait dans son repère. Bien sûr, nous avions déjà dormi ensemble quand il était plus petit, mais pour la première fois, il en faisait explicitement la demande. Je me suis donc allongée à ses côtés, le cœur gonflé par l’émotion, en prenant soin de lui laisser tout l’espace.
Sa petite main cherchait la mienne pour ensuite la poser sur ses cheveux afin que je le flatte encore et encore, assez longtemps pour que sa respiration devienne longue et profonde. Il s’est doucement endormi avec son petit chat dans les bras, sa suce comme éternelle alliée, mon souffle chaud dans son cou et moi qui puise à cet endroit une bouffée de l’odeur sucrée de mon bébé devenu si grand.

Ces moments doux sont maintenant devenus notre quotidien. Son papa et moi attendons chaque soir qu’il nous invite dans sa maisonnette pour lui tenir compagnie et l’accompagner jusque dans les bras de Morphée.
Cette grande étape de sa petite vie nous prouve que, même s’il devient grand et autonome, il pourra toujours choisir de nous avoir plus près de lui. Cette complicité que nous avons bâtie à grand coup d’amour depuis deux ans n’a pas fini de nous faire vivre des moments de bonheur qui passent toujours trop vite.
Ce soir, comme tous les soirs, je quitterai sa chambre, une fois le sommeil venu, en lui murmurant : « Bonne nuit mon bébé, maman est juste à côté. »
Comment s’est vécu le passage au grand lit dans votre famille?