Oublions un moment la dilapidation des fonds publics, la commercialisation des athlètes, la politique, la corruption, le dopage… La flamme olympique s’éteindra bientôt et, avec elle, le message souvent naïf de paix et d’harmonie entre les nations.
 
Mais qu’en restera-t-il ?

Dans ma famille, le sport a commencé tout naturellement. Mes enfants devaient faire du sport parce que ça rentrait dans l’ordre normal des choses. C’était pour leur plaisir, mais aussi pour l'encadrement et le sentiment d’appartenance qu’apportait la pratique sportive. C’était pour leur santé, mais aussi pour la mienne : avoir une meute de garçons à la maison, c’est éviter constamment les lancers francs devant l’armoire de vitre ancestrale.

Vegetables

Ou les prises de judo pendant les repas.
Crédit : Giphy

 
Être parent, c’est du sport.
 
Or, tout naturellement, après avoir été sélectionné dans l’« élite » municipale en soccer puis régionale en basketball, Fiston 2, de toute la grandeur de ses 10 ans et la hargne de son déficit d’attention, a un jour proclamé qu’il voulait désormais jouer au tennis.
 
C’était pas ma faute, m'sieur le Juge! Figurez-vous, c'était une visite anodine à la Journée de la famille de la Coupe Rogers. Fiston y a vu l’inspiration incarnée, la personne qui allait devenir son idole. Trois mois plus tard, dans le cadre d’un travail scolaire, il lui a tout bonnement écrit. L’idole, contre toute attente, lui a tout naturellement répondu. Le flambeau était passé. Depuis, se sont enchaînés les entraînements, la déco de chambre, le sport-études. Et puis cet été, Fiston représentait sa région aux Jeux du Québec, ses Jeux olympiques à lui.
 
Que lui en restera-t-il?
 
À part l’estime de soi et les souvenirs impérissables? 

Il a grandi en jouant. Il sait aujourd’hui qu’il ne fera jamais les Olympiques, qu’il y a peu d’appelés, encore moins d’élus. Mais il sait qu’il jouera toute sa vie. Je le sais aussi. J’espère qu’il la gagnera bien, qu’il vaincra ses peurs, qu’il affrontera les obstacles comme tant de revers au tennis.
 
Quand je regarde les Jeux à la télé, je crie, je pleure. Comme si mes garçons participaient à chaque épreuve. Je me mets aussi à imaginer que les performances des Penny Oleksiak, Karen Paquin et Andre De Grasse inspireront des passions, enflammeront le désir des enfants qui les regardent. Je me doute qu’ils feront naître de nouveaux vainqueurs. Et pas seulement en sport. 
 
Oublions pour l'heure la compétitivité et les protestations. Ne conservons que la beauté du geste, la force du défi. Dans l’éducation de mes petits, dans mes petits moments de bricolages, de chansons, de cabrioles, j'espère leur apprendre à trouver le beau malgré l'adversité, à jouer malgré la tempête. Qu'importe le jeu.


Il y a des médailles meilleures que d'autres.
Crédit : Gina Bluteau 

 
Dans ma famille, je sais que tout a commencé par un simple jeu de rôle. Jouer à ressembler. À devenir l’idole. Et je sais tout naturellement qu’il reste de ces Jeux une flamme que je ne veux pas voir s’éteindre : celle de tous les possibles dans les yeux de mes enfants.

Quelles flammes voyez-vous dans ceux des vôtres?