J’ai allaité mes enfants avec plus ou moins de difficulté. Ce billet n’est absolument pas un jugement de celles qui auraient fait le contraire. Ou qui l’auraient fait, mais qui auraient détesté. Ou qui le font encore à temps partiel. Ou qui l’auraient fait pour un seul de leur enfant, mais la tête à l’envers. La leur, pas celle du bébé, soyons clairs.

Donc. La SMAM; la (tout à fait louable) Semaine Mondiale de l’Allaitement Maternel.

En 2010, j’étais à l’hôpital en train de me remettre du blind date le plus rock’n’roll de ma vie à cette période de l’année. Bébé garçon premier du nom s’est mis à danser la samba vers le bas un peu trop tôt et mon corps, ce grand rebelle, n’a pas voulu suivre le tempo.

Je n’ai pas pu partager avec mon fils ses premières heures, trop poqué qu’il était. Mais quand on l’a fait rouler jusqu’à moi à l’aurore (de sa vie et du jour), je me suis dit : « C’est parti bébé, on va trouver nos petits moves secrets et notre tango va commencer ». Mais, épuisé par notre rumba un peu prématurée et une sévère jaunisse, il n’arrivait pas à se nourrir correctement.

J’avais mentionné vouloir essayer d’allaiter. Les infirmières, agissant en conséquence, me donnaient conseil sur conseil, réfutant malheureusement du même coup ce que leurs consœurs m’avaient dit à peine quelques heures plus tôt. « Oublie cette position-là, ça ne fonctionnera jamais. Fait ça, c’est magique. Rajoute un, deux, trois coussins. Redresse-toi. Un peu plus à gauche. »

Vous voulez que...ll faut...plus bas?...je..HEIN?
Crédit : Giphy

 

Au travers des séances d’expressions manuelles de colostrums, de tire-lait, de « DAL au doigt », des tentatives de boire toutes les deux heures, des fragments de désespoirs et des powers naps de 15 minutes, je recevais des visites de plus en plus culpabilisantes de la conseillère en allaitement, bénéficiant d’un suivi plus serré « grâce » à la SMAM.

Fronçant les sourcils quand je n’étais pas en train de travailler sur ma production, elle répétait sans cesse que mon fils était un « paresseux » et que nous « finirions par l’avoir ». Elle touchait mes seins sans mon consentement. Elle disait : « Donner du lait maternisé à son enfant, c’est un peu comme lui faire manger du Mcdo. ». Je vous jure. Dans mon cerveau de maman neuve en manque de sommeil, ses mots ont eu l'effet d'une bombe. #CulpabilitéMuch

Sérieux. Sérieux???
Crédit: Giphy

 

Le verbe « sangloter », nous l’avons conjugué à tous les temps. Bébé seul dans son incubateur, nous, échoués sur le maigre lit de métal, le cœur déchiré. Notre enfant avait FAIM. C’est tout. Et je ne pouvais pas l’apaiser.

Puis, une précieuse infirmière est venue nous chuchoter : « Nous n’avons pas le droit de vous proposer autre chose que l’allaitement. Mais si vous le demandez, nous n’avons pas le droit de refuser non plus… »

Nous étions tellement mélangés que nous hésitions encore quand un médecin a prescrit du lait maternisé à mon coco. Il était déshydraté. La décision s'imposait d'elle-même.

Tiens-bon, bonhomme. Le biberon arrive...
Crédit : Phil TCollin

 

Et sincèrement, je me questionne. Est-ce que ça a valu la peine de nous faire subir tout ça? Pour éviter une tétine rebelle et du méchant lait en poudre? Parce qu’en toute honnêteté, je crois que l’allaitement serait resté mon premier choix même si on m’avait informée adéquatement dès le départ.

J’ai eu deux autres accouchements et suivis parfaits à cet hôpital. Ce n’était peut-être qu’un faux-pas sur la timeline de l’univers. Mais quand même.

Je suis encore fâchée.

Avez-vous déjà senti de la pression en milieu hospitalier?