La maternité m’a tant apportée. Tant de beau, tant de doux. Mais elle m’a enlevé beaucoup; ma fougue et ma témérité font partie des disparues. Éclipsées par ce sens du devoir et des responsabilités.
 
Dans mes rêves, je suis toujours la même. Je prends mes bagages et je cours vers la prochaine aventure. Mais à mon réveil, la vue de mes enfants me ramène et j’ancre mes racines quelques pieds de plus.
 
Entre deux voyages quelqu’un m’a dit : « Lorsque tu auras tes enfants, tu feras bien ton nid comme les autres. » Je me rappelle avoir pensé que c’était des balivernes, qu’on ne peut changer si drastiquement. Mes enfants, je les porterais sur le dos et ils sommeilleraient entre mon manteau de pluie et la map monde pendant que nous arpentons la terre sans attache ni retenue.
 
Lorsque j’ai appris que je portais la vie, mon mari et moi venions tout juste d’acheter nos billets d’avion pour venir en aide à une école d’enfants démunis en Amérique centrale. Nous avions prévu de nous y rendre quatre mois. De surcroît, pendant la période où les médias ne cessaient de parler du choléra.  Nous avons discuté, brièvement évalué la situation et nous sommes partis quand même #Fearless
 

Crédit : Mylène Lavoie
J'apprécie cette période de ma vie où, sans attache, je pouvais vivre tant d'aventures et d'expériences

 
 Nous avons vécu de belles expériences, rencontré tant de sourires. Et j’y ai vu mon ventre grandir, mes forces et mon énergie faiblir. Je ne voulais pas que la maternité puisse changer quoi que ce soit à ma vie ni qu’elle influence mes choix. Et, bien malgré moi, je ne pouvais que constater que l'inverse se produisait. Je me découvrais une vulnérabilité que je m’étais toujours refusée. J’ai été malade (pas le choléra, mais une infection due à l’eau que j’utilisais pour me laver) et j’ai eu peur pour la première fois, peur pour mon bébé. #Fearfull
 

Nous sommes finalement revenus après trois mois plutôt que quatre, puisqu’il y avait des chances que la compagnie aérienne nous refuse passer à huit mois de grossesse. Nous devions agir vite pour nous créer un semblant de vie avant l’arrivée du bébé. Trouver un travail, un appartement, des meubles. L’envie, le besoin que dis-je, le devoir de faire notre nid était désormais bien présent.
 
Quelque part à travers cette première grossesse mon cœur à fait le switch de fearless à fearfull.
 
Ceux qui n’ont jamais connu la moi d’avant, ne connaisse que cette fille qui peaufine sans cesse ce nid. Qui veille à ce que rien ne manque et qui prévoit, pense, calcule. Cette fille-là je la connais à peine moi-même, elle est nouvelle, pratique, mais parfois contraignante.
 
La moi d’avant rêve toujours de tout laisser (sauf sa famille bien sûr!) et de partir quelques mois. D’aller d’un endroit à l’autre, d’avoir juste assez de possessions pour que tout tienne dans un sac. Mais mon sens de l’aventure a courbé l’échine devant ce sens du devoir qui vient avec la responsabilité d’avoir des enfants. Je ne suis plus la seule touchée par mes choix et devant ce constat, je me suis adaptée. J’appréhende les conséquences possibles sur mes enfants et je mets en bride ma fougue.
 
Dernièrement, j’ai dit non à un projet qui était aussi spontané qu’alléchant. Je le tenais au bout de mes doigts et j’ai dit non. Blame it on nesting. 
Mon fils venait tout juste de commencer l’école. Son prof était super; il s’était fait des amis. Et ma fille avait vécu une belle transition de la maison à la garderie avec une éducatrice de confiance cette même semaine aussi. Je n’ai pas voulu les déraciner.  
 
Nous voyageons toujours, mais quelques jours à la fois. Et nous caressons l’idée qu’un jour, nous pourrons réconcilier responsabilités et aventure.