J’ai toujours su que je voulais allaiter. Pourquoi? Tout simplement parce que c’était conforme à mes valeurs, comme plusieurs autres choix relatifs à la maternité que j’ai faits. Mais voilà, parfois, il ne suffit pas de vouloir…

Après mon accouchement quasi parfait, j’ai fait une hémorragie et j’ai dû être transférée à l’hôpital. Après une transfusion, je vous garantis que j’étais loin d’être top shape. Qu’à cela ne tienne : avec le soutien indéfectible de mon chum, j’ai tout essayé pour que l’allaitement fonctionne : dispositif d’aide à l’allaitement (DAL), séances de tire-lait, peau à peau. Sauf que mon prématuré a fait une méga jaunisse et, complètement amorphe, était devenu incapable de téter. Même le biberon, il fallait lui faire boire de force.

 
Énorme déception pour moi. Est-ce que je me suis sentie coupable? Pas du tout! Honteuse? Jamais de la vie! J’avais la conviction d’avoir tout donné, tout essayé pour que ça marche. Est-ce que je ressentais une quelconque pression de la société, des infirmières? Du tout! Je l’ai vécue de l’intérieur, cette déception de ne pas pouvoir allaiter.

Pour moi, la promotion de l’allaitement, c’est important. Il y a encore trop de mamans qui pensent que leur lait n’est pas bon, pas assez riche, pas assez nourrissant pour bébé. Il y a aussi eu une coupure de deux générations dans la transmission mère-fille du b.a.‑ba de l’allaitement, pour plusieurs facteurs sociaux, culturels, et aussi, disons-le, commerciaux. Le résultat? Les mamans manquent aujourd’hui de soutien et d’information en matière d’allaitement, et ne peuvent que rarement se tourner vers leurs proches parentes.

Si je reviens à mon histoire… Après avoir donné le biberon en pleurant, j’ai croisé sur ma route une excellente sage-femme qui a réussi à me convaincre d’essayer de remettre bébé au sein une fois qu’il avait repris des forces. Jamais je n’aurais eu le courage de tenter l’aventure seule, craignant trop une nouvelle déception. Et c’est ici qu’intervient la chance : bébé a repris le sein le plus naturellement du monde, après des semaines de biberons. Aurais-je été une moins bonne maman si mon bébé avait refusé de reprendre le sein ou si j'avais pris la décision de ne pas allaiter? Non. Je ne suis pas plus smatte qu’une autre. J’ai juste persévéré quand il le fallait, parce que c’était important pour moi, et pour le reste, j’ai été bénie des dieux. C’est tout.

Après les débuts difficiles, une fois passés les premiers jours et les premières semaines, l’allaitement, ça devient du bonbon. Ça se fait tout seul, littéralement. C’est mon petit remède miracle pour tout : les bobos, les dodos, les besoins de câlins, les bébés chigneux, déshydratés ou malades, les petites fringales … Ce n’est pas pour rien que l’aventure se poursuit encore, après 23 mois, et en dépit de bébé bedaine!

Crédit : Marie St-Laurent
En randonnée en plein milieu du nowhere et bébé a faim? Facile, on sort un sein! Et on en profite même pour admirer le paysage!

 
Je suis maintenant bénévole en allaitement, pour redonner au suivant. À toutes les mamans découragées, je dirais ceci : c’est normal et vous avez le droit d’être à bout par moments. Allez chercher de l’aide au besoin auprès des conseillères en lactation IBCLC, que vous pouvez souvent rencontrer par l’entremise des organismes d’entraide. Faites-vous confiance, et surtout, cessez de vous sentir coupables peu importe votre décision!
 
Avez‑vous vécu une belle histoire d’allaitement?