Ça fait plus de deux ans que je n’ai pas travaillé. Je ne dirai pas que j’ai eu la belle vie à la maison non plus, puisque qu'avoir un bébé, c'est quand même du sport, mais je n’ai clairement pas exercé d’activité professionnelle rémunérée depuis deux ans.

Jadis, dans une autre vie, j’étais atteinte (je crois) du syndrome de performance. T'sais la fille qui n’accepte pas les résultats moyens, qui refuse de ne pas comprendre, qui accumule les bourses et les prix à l’école, ben c’est moi. Et dans mon milieu professionnel, ça s’est poursuivi. J’étais l’employée qui ne comptait pas ses heures, qui se dévouait pour ses clients, qui accordait une importance exagérée aux détails. Qui en faisait clairement trop, mais qui torchait.

C’était, je crois, par manque de confiance en moi. Et par orgueil aussi, probablement. Je n’essayais pas de surpasser tout le monde, j’essayais simplement de me dépasser, moi. De donner mon max, 100 % du temps. Il n’y avait pas pire juge de moi-même que ma propre personne.

Et la maternité a fait son entrée dans ma vie. Désormais, tout ne se calcule plus qu’en chiffres, qu’en heures, qu’en réussites. Mes seules récompenses sont les sourires et les bisous de ma fille et c’est tout ce qui compte pour moi. Il n’y a aucun examen à passer, aucune évaluation du rendement dans mon quotidien. Et ça ne me manque pas du tout.

Sauf que voilà, je retourne travailler. Je sais que je ne pourrai tout simplement pas performer autant qu’avant. Mon esprit, mon cœur n’y sont plus autant. Ma tête est fatiguée par les trop nombreuses nuits de sommeil entrecoupé, mon corps est meurtri par ce début de grossesse extrêmement difficile. Et mon cœur est ailleurs, accroché quelque part dans des petits replis de cuisses dodues, dans un cou de bébé tout chaud, sur une petite joue si douce.

J’ai peur d’être inutile. D’être dépassée par tout le travail qui m’attend. De ne pas réussir à reprendre le beat, de ne pas assimiler assez vite tous les changements qui se sont produits en deux ans. J’ai peur de devenir l’employée poche qu’on tolère gentiment, mais sur qui on ne peut plus se fier. À qui on ne confie plus de dossiers importants.

Je sais, toutes les mamans du monde sont passées par là… et ont sûrement survécu et dépassé cette peur. Je vous en reparle dans quelques semaines, quand je serai bel et bien dedans!

Comment s’est passé votre retour au travail?