Je suis une mom à l’utérus dorénavant vide, ça fait que j’oublie peu à peu le feeling que ça donne, de l’avoir plein. Les hormones, le vertige lié à l’inconnu et les cauchemars weird laissent la place à autre chose assez vite après l’accouchement, en même temps que s’éloigne le mauvais souvenir de l’acné de grossesse et du goût des Tums.

Un jour, vous réalisez que votre perception de future maman s’est transformée en perception de maman et même si vous vous ennuyez un peu de votre bedaine, vous voyez l’envers du décor ; vous tombez de l’autre côté du miroir et vous comprenez pourquoi tous ces textes qui vous semblaient négatifs et lourds à propos de la maternité n’étaient au fond qu’un enrobage de beaux moments. De fait, quand nous racontons quelque chose de difficile, nous protégeons le miracle, dessous. Vous le ferez aussi.

J’aurais envie de vous faire un câlin (de profil, pour ne pas vous serrer le ventre), futures mamans qui vous sentez inquiétées ou écrasées par ce que vous lisez sur les blogues et les forums de maternité. Arrêtez d’y voir une totalité, voyez ici des instants de maternité. Des morceaux épars qui s’écrivent souvent de nuit ou de bon matin avec le deuxième café froid. Des billets pour lesquels nous, conteurs d’anecdotes familiales, nous nous arrêtons, nous sourions, nous pleurons, nous pensons à nos petits. Des billets qui sont donc pleins d’amour et de vie, mais aussi pleins de miettes de toasts, parce que ces sujets qui nous inspirent sont souvent les mêmes qui ont creusé nos cernes et nos questionnements : ils ne pourraient pas n’être que légers, à l’instar de votre grossesse ou de notre maternité.
 

Derrière mes cernes...
Crédit : Julie Guertin

Nouvelles mamans, à vous qui vous demandez pourquoi ça semble si lourd, avoir des enfants, vu de vos écrans, j’ai envie de vous le donner, le secret : c’est juste impossible de rendre avec justesse la beauté, la magie ou la couleur de la maternité. Les moments parfaits n’ont pas de mots. Ils sont faits de millisecondes et lorsqu’ils sont passés, nous ne pouvons pas les partager. Nous pouvons dire qu’ils existent, nous pouvons décrire la nostalgie qui arrive lorsqu’ils partent, nous pouvons raconter la surprise, la joie qui nous remplit lorsqu’ils nous frappent, ces moments.

Crédit : Karol-Ann Auger 

Mais voilà : lorsque vous les vivrez, ce ne sera pas au travers de la plume d’un blogueur, ce sera au travers de tous vos sens en alerte. Vous serez figées, comme nous le sommes toutes et vous ne penserez pas à aller lancer votre petite magie si précieuse dans Internet. Vous vous en remplirez le cœur et direz aussi aux futures mamans que le bonheur qui transcende tout se raconte plus difficilement que le quotidien. Vous polirez vos moments parfaits, vous les protégerez des regards incertains, vous ne les laisserez pas tomber dans les mains incertaines de haters.

Ce que je vous souhaite, Mesdames, c’est que les blogues et les forums vous fassent sentir qu’une collectivité porte désormais avec vous la lourdeur des montagnes de miettes de toasts, pendant que vous vous nourrissez en secret de la lumière jamais éteinte du plaisir d’être maman.