Certains parents ont un enfant chouchou, mais chut, c’est tabou! Si certains parents ont une préférence ou une plus grande affinité avec un enfant en particulier, j’imagine que certains grands-parents aussi?
En fait, le premier-né d’une famille est souvent très entouré, admiré, chouchouté, gâté… Il fait s’exclamer toute la famille, chacun se croit l’élu du premier sourire, chacun croit comprendre parfaitement les causes de ses pleurs… même sa bave dégoulinante et ses petits régurgits font l’objet de toutes les discussions!
Quand mon aîné est né, il était le premier des petits-enfants. Il a été choyé comme je n’aurais même pas imaginé qu’un enfant puisse l’être, il a été célébré, aimé, photographié.
Lorsque mon deuxième enfant est né, j’ai constaté que plusieurs personnes continuaient à chouchouter mon grand. Je me disais que c’était aussi bien, pour éviter la jalousie envers le nouveau bébé. Je me disais que les prouesses ou les discours d’un toddler sont plus intéressants que le sommeil paisible d’un bébé – anyway, il dort le bébé! Je me disais que mon plus jeune n’en souffrait pas, du haut de ses 6, 18, 24 mois.
Ils ont vieilli. J’ai constaté un jour que ma propre mère délaissait complètement mon deuxième pour se concentrer exclusivement sur mon premier, à chacune de ses visites. Qu’elle ne pensait même pas à lui apporter un petit cadeau lorsqu’elle en donnait un à l’aîné.
Mon cœur a chaviré lorsque j’ai vu mon plus jeune, tout excité, candide et si désireux de lui exprimer son amour, essayer d’attirer son attention et ne récolter qu’un vague regard en retour. De voir ses tentatives pour lui plaire, de voir son petit visage triste, de le voir retourner jouer seul dans son coin, résigné.
Prenant mon courage et ma délicatesse à deux mains, j’ai abordé le sujet avec ma mère, en douceur, pour lui faire part de mes impressions et observations. Après avoir nié en bloc, elle a tout de même réfléchi à la situation et a finalement conclu, attristée, que j’avais raison. Elle m’a juré que ce n’était nullement intentionnel, même qu’elle ne s’en était pas rendu compte. Qu’un lien particulier l’attachait à mon plus vieux, mais qu’elle aimait tout autant mon plus jeune. Qu’elle était triste de constater que ses gestes étaient à ce point déconnectés de ce qu’elle ressentait réellement pour mon plus jeune. Elle était résolue à tout mettre en œuvre pour renverser la situation.
Et elle l’a fait. À partir du moment où elle a pris conscience de son comportement, elle a tout fait pour mieux répartir son temps, son amour et son attention entre mes deux garçons.
Je suis heureuse d’avoir eu le courage d’aborder le sujet et fière que ma mère ait eu l’humilité de poser un regard honnête sur la situation. Et surtout, je me réjouis de la belle relation qu’elle développe avec chacun de ses petits-enfants, qui l’aiment tellement fort et qui s’épanouissent dans cette relation!
L’aîné a-t-il toujours une place spéciale dans le cœur de ses parents ou grands-parents?