J’ai le motton. Je ne suis pas bien, j’ai le goût de pleurer et de hurler contre l’univers. J’ai l’impression d’être la seule au monde avec un enfant qui ne se développe pas comme les autres… Moi aussi j’aimerais pouvoir vanter les prouesses de ma fille. Pourquoi moi, pourquoi elle, pourquoi nous? J’aimerais ça, qu’elle soit comme les autres…
Parfois, je suis tannée des rendez-vous qui n’en finissent plus…Avec des millions de conseils des thérapeutes qui viennent s’ajouter à toute la liste des choses que je dois faire… Pourrait-on juste vivre??
Parfois, je suis tannée de me sentir comme une maman qui n’en fait jamais assez… Entendez-vous quand j’écoute vos hypothèses de diagnostics sur ma fille que mon cœur vous crie que je suis virée à l’envers? Ça me fait chier de voir des enfants qui reçoivent beaucoup moins que ma fille et qui, eux, sont en avance sur elle… C’est injuste…
Parfois j’en ai marre de vos informations superflues, genre quand on me laisse entendre que les enfants sans problème de langage se laissent brosser les dents par leurs parents facilement. Coudonc le prenez-vous en considération que ma fille a deux ans, elle VEUT TOUT faire par elle-même…
Parfois je me sens si envahie par la longue liste de thérapies qui ne finira jamais…
Parfois j’aimerais être comprise quand je vous dis que je ne veux pas plus d’un rendez-vous par semaine, que ça fatigue ma fille. Que non, ce n’est pas seulement un jeu pour elle…
Parfois, je suis juste vraiment écœurée de ne pas savoir ce qu’il adviendra de l’avenir. Tannée de me sentir prise dans un coin, d’avoir à avaler ma pilule du deuil d’avoir un enfant juste normal… Tannée de me sentir jugée de ne pas accepter si facilement…
À tous mes proches qui pensent que tout est accepté et que je vis bien avec les retards de ma fille… Ce n’est pas vrai, c’est faux, ce n’est pas facile tous les jours. Aujourd’hui, c’est un jour sombre, je me roulerais dans le fond de la garde de robe en pleurant et en criant que je hais la terre entière…
Mais c’est aussi faux de dire que la vie est noire tous les jours, souvent, c’est beau, c’est tendre, c’est tout sourire comme celui de ma Blanche. Mais parfois, je dois l’avouer : je lancerais tout au bout de mes bras.
J’ose en parler parce que c’est important que vous le sachiez : ce n’est pas rose tous les jours.
Oui j’ai peur de l’avenir, j’ai peur pour ma Blanche, peur pour son frère qui arrivera avec l’hiver, peur que vos enfants normaux n’acceptent pas ma Blanche dans ses différences… Si vous saviez comme je peux avoir peur lors des jours sombres…
Je laisse les larmes rouler sur mes joues et je laisse le temps faire son œuvre. Demain est un autre jour et bien souvent, je vivrai plusieurs jours heureux qui me donneront la force d’affronter le prochain jour sombre…
Est-ce que j’aurai la force de vous montrer ma souffrance…?