J’ai 31 ans, mes enfants ont 7 et 9 ans. Évidemment, mes amis sont plus à l’étape d’avoir des petits bébés, ces temps-ci, qu’au questionnement sur le bon produit à utiliser pour les cheveux gras de leur pré-ado. C’est qu’ils ont un timing de production familiale plus socialement adapté que le mien.

Moi, j’avais 24 ans quand mon mari s’est fait vasectomiser. J’entends d’ici les réactions de surprise et les mauvais commentaires #JugerSansConnaître : « Fille! T’étais trop jeune pour prendre une décision comme celle-là! » Ça se défend comme point de vue, mais à mon sens, si j’étais capable d’être maman, j’étais aussi en mesure de prendre une décision sérieuse quant à l’avenir de ma famille. Il n’en demeure pas moins que ces bébés qui m’entourent me rendent nostalgique. Un peu.

Les raisons qui m’ont fait accepter la vasectomie quand mon homme l’a suggérée sont fort simples : d’abord, je sentais que j’étais capable d’élever deux humains, mais qu’étendre ma responsabilité à un plus grand nombre de gens était moins confortable. Je crois que si j’avais continué à agrandir la famille, j’aurais trop étiré ce que j’avais à donner. De plus, je sentais que le couple de parents que nous étions allait s’étioler jusqu’à faner complètement et je me sentais le devoir de protéger ce que nous avions construit. Je suis encore en parfait accord avec mes raisons de l’époque, auxquelles j’ajouterais maintenant que mes filles sont rendues grandes et que je n’aurais plus envie de revivre le 2 et le 4 ans, les crises inexplicables, les nuits de bouette, etc.

Rationnellement, je n’ai jamais regretté. Le problème, c’est que mon utérus semble avoir comme une pensée autonome. Chaque fin d'année, mon ventre se sent vide. Alors, il tombe en conflit avec ma tête et lui souffle des souvenirs qui me rendent nostalgique : j’ai tant aimé porter mes enfants, bercer, allaiter, codormir, que ça me manque de les sentir s’endormir mollement sur mon épaule! Résultat, je fais des rêves weird et j’évite l’allée des tests de grossesse de ma pharmacie. Je caresse les pyjamas 0-3 mois chez Clément et je soupire.

J’aimerais que ma tête gagne une bonne fois pour toutes. Et puis, suis-je la seule qui vit ces crises hormonales au gré des saisons? Mes deux enfants ont été conçues à l’automne et c’est toujours à cette saison que l’envie de sentir des petits coups de pied dans ma vessie se fait si fortement sentir. Chaque automne, donc, je ne peux m’empêcher de me demander ce que la nature avait prévu pour moi. Ai-je manqué quelque chose en choisissant de suivre ma tête plutôt que mon ventre?