J’aime allaiter. Je demeure très critique quant à la promotion actuelle de l’allaitement (et je ne juge aucunement les mères qui n'allaitent pas), je trouve ça exigeant et contraignant, mais j’aime ça. En fait, je dirais même que l’allaitement est un repère essentiel de ma maternité, un phare qui me permet de naviguer le quotidien.

 
Je suis de celles qui ont vécu les premiers pas dans la parentalité comme un choc, une perte complète de repères. Plusieurs mois après la naissance de mon aînée, j’avais encore l’impression d’avancer à tâtons dans le noir, sans trop me reconnaître dans la nouvelle vie que je menais. C’était dû, je crois, à un manque de confiance en ma capacité à prendre soin : j’avais l’impression de tout faire tout croche, je me sentais très seule et démunie face aux demandes de mon enfant, et aussi face à l’amour presque suffoquant que je ressentais pour elle.
 
Dans cette obscurité où j’essayais d’avancer, l’allaitement est peu à peu devenu un ancrage auquel m’accrocher. J’étais chanceuse, ça se passait bien. J’avais une production suffisante, les petites gerçures du début ont vite disparu, mon bébé avait une bonne prise du sein. J’avais l’impression que l’allaitement était quelque chose que je faisais bien. Les moments que je passais collée-collée avec ma fille m’apaisaient beaucoup. En fait, ils me donnaient confiance en moi, en ma capacité à me donner pour elle, à prendre soin d’elle.
 

Crédit : Living Stils/Giphy

 
Ce n’est pas tellement que j’avais l’impression de « donner le meilleur à mon enfant » (ce discours me rend mal à l’aise, je trouve qu’il culpabilise les femmes qui ne désirent pas allaiter). C’est plutôt le geste d’allaiter qui me mettait en confiance. Je le percevais comme une mise en relation : j’allais vers mon bébé, mon bébé venait vers moi, et à travers ce contact, cet échange d’amour, nous apprenions à nous connaître.
 
Évidemment, si l’allaitement n’avait pas fonctionné pour moi, j’aurais trouvé d’autres manières d’aller à la rencontre de mon enfant. De nouveaux repères se sont d’ailleurs mis en place quand j’ai arrêté de l’allaiter, que ce soit le plaisir que nous avons à jouer ensemble dehors, l'apprentissage des valeurs d'accueil et de générosité ou sa curiosité contagieuse, que je cherche toujours à assouvir.

Crédit : Public Domain/Pixabay

 
J’allaite maintenant mon fils de 6 mois et, même si je ne ressens plus le choc des débuts de la maternité, l’allaitement m’apporte le même apaisement, la même confiance. Il demeure donc un phare qui éclaire les chemins beaux et tortueux de la vie parentale. J’en profite tant que ça dure!
 
Quels sont les repères qui vous guident dans l'apprentissage de votre rôle de parent?