Je suis tombée enceinte au moment où je ne m’y attendais plus, alors que je terminais la rédaction de mon mémoire de maîtrise, tout en faisant un stage à temps plein à deux heures de route de mon nouveau chez-moi.

À 29 semaines, je déposais officiellement. À 30 semaines, je terminais mon stage. Et à 32, j’accouchais. J’ai ensuite été prise dans le tourbillon de la prématurité et de tout ce qui vient avec. Puis, mon garçon est rentré à la maison et un hiver glacial s’est installé.

Alors que j’avais passé les derniers mois à courir après le temps, je le regardais maintenant passer. Oui, il y avait beaucoup à faire à la maison avec un nouveau-né, mais tout de même. Mes amis et ma famille étaient loin. Je manquais affreusement de stimulation intellectuelle. Parce que nous n’avions pas encore de deuxième voiture, il m’était difficile de participer aux activités offertes dans ma région.

La routine me semblait de plus en plus lourde dans cette ville qui m’était difficile de découvrir. J’avais l’impression d’être enfermée dans une (très confortable) prison de glace. Dans toute ma préparation pour mon nouveau rôle, je n’avais pas eu le temps de prévoir mon congé et je me retrouvais prise au dépourvu.

Ironiquement, alors que j'étais toujours avec mon garçon, je ne me suis jamais sentie aussi seule. Une fois la solitude bien installée, je me suis mise à trop penser. Sans savoir pourquoi, je m’imaginais continuellement des scénarios catastrophes, ce qui me minait le moral et me rendait anxieuse. J’étais, entre autres, stressée de conduire, ce qui m’a poussée à m’isoler encore plus.

Un sentiment de tristesse m’a habitée plusieurs mois. Et même si j'avais le goût de vivre, il n'était jamais caché bien loin. Puis, j'en ai eu marre. Marre de laisser cette petite voix m'empêcher de profiter pleinement de ce moment privilégié. L’aide gratuite étant difficile à obtenir, j’ai décidé de prendre les choses en main. J'ai dressé un plan d’action et, à force de relever les défis que je me posais, j’ai repris, non sans efforts, confiance en mes moyens. Si ça n’avait pas fonctionné, l’étape suivante aurait été, évidemment, de consulter. Puis, l’arrivée de l’été m’a permis de sortir davantage et d’assouvir enfin mon besoin de socialiser.  

J'en ressors tout de même un peu fragilisée et je crois que j'aurais pu éviter de me sentir ainsi si j’avais pris le temps de mieux m’entourer, si j’avais mieux planifié mes occupations pendant mon congé. J’étais prête à tomber enceinte, à accoucher, à devenir mère, mais je n’étais pas du tout prête à l’isolement que mon congé de maternité m'a fait vivre.

Comment avez-vous vécu votre congé?