J’aime penser que je suis naturellement féministe. Dans le sens où mon féminisme a toujours fait partie de moi puisque j’ai eu l’immense privilège de grandir au sein d’une famille où l’égalité des femmes et des hommes allait de soi. Mes frères et moi avons été élevés sans double standard. Mon père participait activement aux tâches parentales, il cuisinait, me démêlait les cheveux, chantait et nous racontait des histoires entre autres. Ma mère était présidente de sa compagnie, femme d’affaires accomplie tout en étant maman de quatre enfants.
Mon conjoint, pour sa part, a grandi au sein d’une famille aux rôles plus traditionnels. Sa mère a quitté son emploi pour se dévouer exclusivement aux soins et à l’éducation de ses enfants, tandis que son père travaillait pour pourvoir à leurs besoins. Il a eu une enfance tout aussi heureuse, là n’est pas la question. Je me questionnais tout de même sur l’impact que ce modèle pourrait avoir sur sa perception du féminisme au sein de notre propre famille.
Voilà que mon conjoint est papa depuis dix-huit mois et il ne cesse de m’épater. Son féminisme à lui n’est peut-être pas d’arborer fièrement un chandail qui en fait mention, mais il est tout aussi concret et sans équivoque dans les gestes du quotidien qu’il pose auprès de notre fille.
Dans le futur, nous aurons certainement plusieurs actions conscientes à devoir inclure dans l’éducation de nos enfants pour renforcer ces notions d’égalité, mais d’ici là, en voici quelques-unes qu’il fait naturellement.
- Il complimente notre fille tout autant sur sa force physique que sa grande beauté, sans oublier de lui souligner son intelligence. Il ne participe donc pas à construire son estime de soi uniquement sur des critères d’apparence.
- Il participe activement et également aux tâches liées à ses soins, il sait tout aussi bien faire que moi, à sa manière à lui et c’est parfait ainsi. Il contribue à abolir les stéréotypes de la parentalité liés au genre.
- Il n’hésite pas à entrer dans une toilette de femmes, en ayant préalablement vérifié qu’elle était vide par respect, s’il n’y a pas de table à langer dans celles des hommes. Et tant mieux si une cliente se plaint au propriétaire des lieux, cela favorisera une prise de conscience sur cette réalité absurde encore trop présente.
- Il joue avec elle de manière tout aussi physique qu’il le ferait avec un petit garçon, il ne considère pas qu’elle est plus délicate parce que c’est une fillette et qu’au contraire, un garçon serait impérativement costaud.
- Il m’appuie dans mes efforts pour acheter des vêtements et des jouets les moins stéréotypés possible. Le rose et la paillette ne sont pas bannis chez nous, mais nous aimons encourager ce qui est unisexe. L’important c’est que le message véhiculé soit que les couleurs n’ont pas de sexe.
- Il respecte ses limites et s’assure de les faire respecter par les autres, on ne force pas un enfant à donner un bisou ou un câlin. « Non, c’est non! » est une phrase qu’il lui répète avec conviction et amour dès qu’elle refuse un geste tendre. Ainsi, il lui apprend dès son plus jeune âge qu’elle a droit au respect de son intégrité physique et que son corps lui appartient.
Par ces gestes d’apparence anodine, il contribue à élever cette petite personne merveilleuse au rang des prochaines femmes fortes de sa génération. Et ça, ça me rend très fière!