Même toute petite, j’étais une personne solitaire. Malgré les croyances populaires, aimer la solitude n’empêche pas d’aimer aussi les gens. Le dosage vie sociale et moment de tête à tête avec soi-même est juste différent et après un contact prolongé avec les autres, la solitude devient un besoin pressant.
Ce trait de caractère peut rapidement nous amener à nous sentir « à part ». C’est toujours mieux vu d’être en gang, d’avoir une foule d’amis et un carnet mondain bien rempli. Je me rappelle à quel point j’étais heureuse, et ce, dès mon entrée au primaire, de revenir à la maison le soir afin de jouer en solo dans le calme de mon chez-moi. J’avais pourtant des amis et j’étais très heureuse de jouer, d’être avec eux, mais je me lassais rapidement de toutes activités sociales soutenues.
Lorsque j’ai vieilli et que je me suis retrouvée en couple, puis en cohabitation, j’ai eu un choc. Ma bulle avait rapetissé tout à coup. Je me suis acclimatée, mais je devais me trouver des moments de silence pour être à l’aise, des instants de retrait aussi. Ce n’est pas toujours facile à comprendre pour l’autre qui peut y voir un manque d’intérêt, une distance dérangeante ou même un problème du type : « tu n’es pas bien avec moi? »
Avec le temps sont venus les enfants et là, wouah! Une bulle? C’est quoi ça? Ç’a été le choc ultime! Je ne pouvais plus jamais être seule, pas une seconde, même pas en dormant, parce que, c’est quoi ça, dormir?! Aux toilettes, là non plus, pas de solitude. Là, c’était bien au-delà du choc, c’était littéralement apocalyptique. Grosse prise de conscience : je ne serai plus JAMAIS seule. Comme l’humain s’adapte, avec le temps, à presque tout, j’ai fini par trouver mon équilibre, avec de la patience. Je me suis néanmoins souvent parfois sentie envahie, un peu, beaucoup, à la folie.
Les enfants ont bien évidemment grandi, et j’ai pu leur expliquer que tel moment m’appartenait et que je serais à nouveau disponible après cet instant. Que ce soit pour un bain, une séance de yoga ou juste pour lire un livre, ils ont étonnamment respecté cela. Je dis bien étonnamment, car je n’aurais jamais cru cela possible. Bien sûr, avant 4 ou 5 ans, ça aurait été du fantasme, mais rendu là, ça se passait bien. Je pouvais donc me ressourcer tranquille dans un coin.
Au départ, je me trouvais franchement égoïste et j’ai énormément culpabilisé avec ça. Non, mais quelle mère je faisais de me retrancher comme ça?? #AutoMomShamming Puis, j’ai cessé de me taper sur la tête, car en rechargeant mes batteries mentales dans ce calme nécessaire et cette solitude, je revenais vers eux avec une patience renouvelée, une meilleure humeur et une présence de qualité. Tout le monde était gagnant. Aussi, je crois que d’apprendre à mes enfants que je pouvais prendre du temps pour moi, que j’existais en dehors d’eux, c’était une belle leçon au fond.
Suis-je la seule solitaire qui a eu un choc avec la maternité?