J’ai relu dernièrement l’article de Nadia sur l’acceptation de la réalité avec un enfant différent.
Je suis en plein dedans : les montagnes russes émotionnelles, le système D (débrouillardise) et les phases du deuil, particulièrement la négation.
Réserver le séjour
Depuis un an, j’ai tout entendu au sujet de mon enfant : des diagnostics approximatifs, des jugements, des conseils, des jugements déguisés en conseils, de la suspicion, des recommandations désincarnées, de l’empathie qui ressemble maladroitement à des suggestions…
Avec le temps, je me suis braquée, j’ai cessé d’écouter, je me suis isolée. Comme beaucoup d’autres parents dans cette situation, j’étais entêtée et j’allais sauver mon bébé. En voulant contrôler la situation, alors que tout m’échappait, et en refusant de croire que je n’y arriverais pas. Je me suis booké un voyage : en route vers le déni.
Mon billet en première classe
Quel parent ne ferait pas tout pour son enfant? Quel parent ne lui éviterait pas des souffrances s’il en avait la possibilité?
Ce n’est ni une question de courage ni de force. C’est une réalité où il n’y a pas de meilleur choix. C’est un jeu à somme nulle parce que le parent est responsable de son enfant, est aidant naturel et est éperdument amoureux. C’est l’amour qui est le plus efficace carburant.
Refuser une partie ou l’ensemble d’une réalité perçue comme douloureuse, c’est un moyen de protection, un mécanisme de défense. La réalité est parfois difficile à admettre. Ça se termine souvent par « Il n’y en a pas, de problème. Je gère. »
Forfait tout-inclus, sans étoile
Alors que la figure de la mère exemplaire et le construit social de la maternité s’incarnent par le bonheur et la glorification du sacrifice, j’ai un malaise. C’est contradictoire parce que la servitude et l’abnégation de soi ne sont jamais très loin de la vérité. Mais comment nommer autrement cette perte de repères qui donne l’impression que quelqu’un a tiré violemment le tapis de la vie sous nos pieds?
Lorsque nous parlons de ce que nous vivons en tant que parents d’enfants différents, c’est souvent lourd. Même sous le couvert du sarcasme ou cachés derrière de grosses métaphores. Et nous craignons que notre parole soit interprétée comme de la victimisation. Ou que les défis quotidiens nommés soient analysés comme une façon d’attirer la pitié pour gagner en capital sympathie, pour se faire plaindre.
En réalité, il n’y a pas de concours du meilleur parent. Il y a des mères et des pères qui font de leur mieux, souvent à bout de souffle. À un certain moment, j’en suis venue à ne plus en parler. À ne plus nommer la détresse, à m’y habituer même. Que les intentions de partager et d’être entendue dans son vécu soient parfois reçues avec mépris est difficile à accepter. Lassée de cette réaction, j’ai volontairement prolongé mon séjour à Déni-land encore un peu.
Revenir dans la réalité
Mais on sauve rarement un enfant seul.e. L’énergie s’amenuise, la santé physique et mentale encore davantage. La réalité avec un enfant différent, ce n’est pas un camp de vacances. Les nuits blanches, les rendez-vous, les inquiétudes et questionnements, la vulnérabilité … J’aimerais bien être hop la vie, positive comme une G.O., mais il y a ce deuil à faire aussi.
C’est possible d’en venir lentement à l’acceptation. Accepter de faire confiance et d’aller chercher de l’aide pour l’enfant, mais aussi pour soi. Accepter que la normalité, c’est un concept diffus et arrêter de se comparer aux autres. Accepter les bonnes journées et les plus difficiles.
C’est un processus d’une durée différente pour chacun. La résilience n’arrive pas spontanément. Mais il y a de l’espoir au bout de tout cela, je l’entrevois.
Êtes-vous également passé.e par une phase de déni?