Mon amie virtuelle Vanessa Giguère a publié ici un très beau texte sur la charge mentale et émotive de la famille, une charge qui repose presque toujours sur les épaules des femmes. Ce texte résonne très fort pour moi, ayant déjà ployé sous le poids de cette charge.
Il y a deux ans, j'ai eu un diagnostic de dépression majeure et mon médecin parlait d'un genre de burn-out de ma job de mère. Ce n'était pourtant pas de m'occuper de mes enfants qui était un fardeau pour moi, c'est tout ce qui gravitait autour : se rappeler quels jours étaient des journées sans polo à l'école, quand s'inscrire au camp de jour pour avoir une place assurée (j'avais oublié cet été-là et ça m'avait coûté 500 $ de plus pour envoyer mon fils dans le camp de la ville voisine), la planif des repas, etc.
J'ai un chum super impliqué qui préparait tous les soupers, se présentait à toutes les réunions scolaires, coachait l'équipe de soccer. Mais tout ça après que je lui ai envoyé le menu de la semaine, fait l'épicerie, mis les réunions au calendrier, inscrit mes gars au soccer. C'est une chose d'être un exécutant, c'en est une autre d'être le chef d'orchestre qui jongle avec tout ça et s'assure que tout soit fait.
À la fin de l'été, je suis retournée au travail à temps plein, et j'étais à nouveau au bord du gouffre l'été suivant. J'en ai parlé à mon chum, on a sorti la calculatrice et on a regardé si on pouvait vivre avec un seul salaire. La réponse : oui, en faisant certains sacrifices. On est extrêmement privilégiés de pouvoir le faire et je suis consciente que ce n'est pas possible pour plusieurs. Petit rant féministe ici : comme dans la plupart des ménages, c'est mon chum qui fait le gros salaire, alors il est plus logique que ce soit moi qui reste à la maison. J'ai pas mal hâte qu'on ait au moins un semblant de parité salariale pour que ce ne soit plus un choix qui s'impose par défaut aux femmes, même si dans mon cas, je suis plus qu'heureuse de m'occuper de ma famille à temps plein.
Huit mois plus tard, le bilan est positif sur tous les fronts. Bien sûr qu'on a dû faire certains sacrifices. Par contre, quand je vois notre niveau de stress au quotidien qui est quasi nul, que mon fils arrive à l'école avec son costume de superhéros pour la journée de la réussite scolaire parce que je n'ai pas oublié comme les deux années précédentes, qu'on soupe à une heure décente et qu'on a même le temps de jouer à un jeu de société après, je me dis que ça vaut la peine. Et surtout, mon niveau de stress personnel a descendu en flèche et je dors bien la nuit!
Avant, je me réveillais souvent en panique pour me demander si je n'avais pas oublié un truc ou pour partir une brassée à quatre heures du matin parce que sinon mon plus jeune n'aurait pas eu de bobette à se mettre le lendemain. C'est pas des jokes, mon cerveau ne se reposait jamais, je revenais de la job en décortiquant dans ma tête toutes les tâches que j'avais à faire et les choses à ne pas oublier jusqu'à l'heure de mon coucher.
L'année prochaine, mon plus jeune va commencer la maternelle. Cette année, ça ne faisait pas de sens de l'envoyer au CPE alors que je suis à la maison. Des fois, les gens me demandent si je vais retourner travailler. J'ai le goût de dire que j'ai déjà une job, mais c'est pas super glamour aux yeux de la société de dire que je suis une housewife pis que j'aime ça. Pour vrai, oui, je vais travailler, mais à mon compte et pas plus de 20 heures par semaine et pas l'été, en tout cas, c'est le plan pour l'instant.
La clé dans tout ça, c'est la communication. Encore une fois, je suis chanceuse parce que j'ai un chum qui est sensible à tout ça et qui voit le poids de la charge mentale de faire rouler une famille. On a décidé ensemble que deux parents qui travaillent collectivement 80 heures par semaine, ça ne laisse pas assez de place pour gérer la vie. Chez nous, on considère maintenant que j'ai une job à temps plein, et pas deux comme avant. Pis ça ne veut pas dire pour autant que c'est moi qui me tape tout le ménage, le lavage, etc. Ça veut dire que je coordonne tout ça, mais que je dispatch aussi.
Quelles sont vos solutions pour survivre au poids de la charge mentale de votre famille?