« Tu vas devenir gros à manger ça! »
Cette phrase, je l’ai dite à mon garçon de même pas trois ans et elle résonne encore dans ma tête. Ces mots, je m’étais toujours promis de ne jamais les prononcer à mon enfant. Puis, ils se sont échappés de ma bouche et je le regrette encore.
Ces mots, on a passé mon enfance à me les répéter. Ça fusait de toutes parts. De ma famille, les élèves de ma classe, les parents de mes amis… J’étais un enfant en surpoids et au lieu d’accepter que je sois « différente », on me jugeait de l’être.
À dix ans déjà, les vergetures striaient mon corps. On me répétait sans cesse que mes cuisses allaient exploser! Les sobriquets, eux, tournaient dans ma tête jour et nuit. Mon primaire et secondaire auraient été un enfer si je n’avais pas eu mes précieuses amies. Elles m’aimaient pour qui j’étais.
Avant d’avoir mon enfant, j’avais peur d’avoir une fille. Naïvement, je croyais que ce serait différent avec un garçon. J’ai vite compris qu’aucun parent ne voulait que son enfant soit la cible de moqueries, peu importe le sexe.
Ça fait déjà un peu plus de deux ans que je suis maman et l’idée que mon enfant vive ce que j’ai vécu me hante. Mais, par-dessus tout, ma plus grande peur est de lui faire développer des complexes inutiles.
Parce que je ne crois pas à la gestion par l’interdit, je travaille vraiment fort à ne pas contrôler ce qu’il mange. J’essaie plutôt de lui apprendre que c’est correct de manger un peu de chocolat, mais que les légumes sont pleins de vitamines et qu’ils sont bons pour la santé. Et encore là, je me questionne souvent si c’est la bonne chose à dire.
J’essaie d’équilibrer mon discours afin qu’il ne soit pas culpabilisant, mais je dois avouer que je ne trouve pas ça toujours évident. J’essaie de me taire et m’efforce plutôt de montrer l’exemple en mangeant de tout, en m’activant, sans tomber dans les extrêmes.
Puis, plus je vieillis, plus je comprends que l’important, c’est d’être bien dans sa peau et qu’aucun petit bedon ne pourra jamais être assez gros pour dissimuler nos plus belles qualités!
Vos complexes d’enfance affectent-ils votre discours de parents?