En tant que maman ayant eu de gros complexes, je ne veux aucunement véhiculer ce manque de confiance en soi à mon fils. J’étais la fille qui attendait que la toilette se libère pour mettre mes vêtements de sport à l’école. Pas question de me déshabiller devant d’autres filles dans les vestiaires! J’étais la blonde qui faisait l’amour la lumière éteinte en tout temps. J’étais celle qui portait des maillots de gars et une camisole par-dessus mon bikini. J’aimerais que mon fils soit confiant et bien dans son corps, et je sais que cette responsabilité est en partie entre les mains des parents.
 
Je suis bien embêtée face à ce dilemme et à l’image du corps en général. Je cherche l’équilibre. La ligne est mince entre accepter son corps et l’afficher. J’avoue que, pour moi, la ligne est pas mal floue face à un enfant du sexe opposé.
 
J’ai tu le droit de me promener en bobettes pis en camisole pas de brassière devant mon fils? Jusqu’à quel âge? Je sais que c’est une question d’être à l’aise et que les réponses vont peut-être venir par elles-mêmes avec le temps. Ce n’est pas mon aise à moi que je remets en doute, c’est celle de mon fils. Il ne veut peut-être pas voir le « gras de fesses » de sa mère, le p’tit, même si elle est ben à l’aise avec ça. C’est certain que la discussion prendra une place primordiale au sein du caucus familial pou éclaircir tout ça en temps venu.

De mon côté, j’ai longtemps eu un profond malaise face au corps. Tous genres, sexes, âges, corpulences confondues, en particulier le mien. Je dis profond dans le sens où j’étais gênée de parler de déodorant, de rasoir, de menstruations, de méthodes de contraception, de sous-vêtements parce que pour moi, ces sujets étaient extrêmement intimes. Ma cousine se promenait chez elle avec une serviette hygiénique dans la poche arrière de son jean, et j’étais troublée comme si c’était un vibrateur.
 
Disons que la notion de « jardin intime » était plutôt étendue dans ma conception d’adolescente. Quand j’ai eu mes premières règles, ma mère m’avait offert une fleur et ça m’avait complètement choquée. Pourtant, énormément de prévention, discussions ouvertes et explications avaient été mises en place par ma mère. J’étais préparée à tout ça. Peut-être un peu trop, je ne sais pas.
 
À cette époque de lutte féroce et justifiée pour la diversité corporelle, être maman d’un petit garçon m’apporte certains questionnements. D’un côté, j’aimerais que mon enfant voie que sa mère est à l’aise avec son corps, que nous sommes tou.te.s différent.e.s et que c’est parfait comme ça. Que des seins, c’est juste des seins, mais en même temps, je ne veux pas banaliser le corps ni l’importance du consentement.

Assumer son corps, le respecter et l’aimer ce sont des choses que je réussis à faire depuis bien trop peu de temps. L’acceptation de son propre corps est une chose, mais la relation avec celui des autres est un tout autre dossier.