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Mes parents ne m’ont pas appris à aimer
Crédit: wavebreakmedia/Shutterstock

Ça m’a pris beaucoup de temps pour le réaliser, et il aura fallu que je devienne parent pour me rendre compte que mes parents ne m’ont jamais appris à aimer. Sans me donner un cours 101, ils auraient probablement pu tout simplement fournir un meilleur exemple d’amour. J’apprends avec le temps que les enfants voient, entendent et imitent tout ce qu’ils voient, et surtout si ça provient de leur parent.

Les parents sont nos premiers exemples de relations dans la vie. Ils nous font partir sur de bonnes ou de mauvaises bases, et je ne peux pas faire un gros high five aux miens sur ce coup. Je ne dis pas qu’ils ont été des parents ignobles, et en même temps, ils ne pouvaient probablement pas me donner ce qu’ils n’avaient pas reçu eux-mêmes, mais ça m’aura créé quelques problèmes dans mes relations amoureuses de jeunes adultes!

Mon père, suite à leur séparation, a passé ma jeunesse, et encore aujourd’hui en fait, à insulter ma mère. Et laissez-moi vous dire qu’il n’y allait pas de main morte. Selon son expertise, ma mère est « folle », tout ce qu’elle pense, dit, fait, respire, c’est de la m*rde. Il n’a jamais fait attention de se retenir de le dire en ma présence et il n’a pas non plus fait d’efforts pour éviter de me mettre entre les deux. Je l’ai même déjà entendu dire qu’il souhaitait sa mort. Du haut de mes trois pommes, je ne pouvais pas lui crier qu’il était en train de me détruire, que j’associais tout ce qu’il disait de mal sur ma mère à ce que j’étais, moi, comme personne. Maintenant que je peux faire une rétrospective de tout ça, je me rends compte que chaque fois que je pense comme ma mère sur un point, je pense que j’ai tort, que je suis « folle », moi aussi. J’ai inconsciemment intégré que c’était correct d’insulter les gens avec qui on a été en relation.

Quant à ma mère, elle et son nouveau conjoint ont toujours manqué de tact : ils se plaisent à penser qu’ils peuvent dire tout ce qu’ils pensent de la façon dont ils le pensent, sans filtre. Heureusement, j’ai hérité, je ne sais d’où, d’une excellente capacité de résilience. Mes frères et sœurs ont par contre hérité d’une faible estime d’eux-mêmes, d’anxiété et de timidité excessive. Entre conjoints, et devant les enfants, ils se sont fréquemment traité de tous les noms, dans des conversations aussi basiques que le choix d’un restaurant :

« BEN VOYONS, C’EST BEN UNE IDÉE DE M*RDE QUE T’AS LÀ! »

Puis quand venait le temps d’aider l’estime de leur enfant, on repassera.

 « Arrête de manger comme ça, t’es déjà un peu grosse. »
« T’es ben con. »
« Tu vas pas louer cet appartement? C’est un ost* de trou à rats! » (Bien en fait, je le trouvais bien cet appartement, mais sûrement que je suis vraiment pas très intelligente…)
« Tu t’es acheté un cr*ss de citron, tu vas payer longtemps pour cette auto-là mon homme! »

Comme ils n’ont jamais utilisé de technique plus délicate pour partager leurs opinions, j’ai compris que tout ce qui allait se produire si je leur demandais leur avis sur quelque chose, c’est qu’on allait m’insulter et me dire à quel point c’était une mauvaise idée, un mauvais plan, crétin, ridicule. Par réflexe de protection, j’ai donc tout simplement arrêté de leur parler de mes décisions.

À l’adolescence, j’ai aussi recherché énormément de validation au travers de mes autres relations, que ce soit mes profs, mes amis ou dans mes relations amoureuses. Je n’acceptais pas que l’on ne soit pas d’accord avec moi ou de ne pas être considérée comme la meilleure.

J’ai cru longtemps que ce manque de tact était normal, j’ai insulté certains de mes anciens copains, j’ai détruit plusieurs relations à cause de cette façon de m’exprimer et, pendant longtemps, je n’ai pas accepté de ne pas avoir raison, surtout aux yeux de mes amoureux.

Heureusement, après plusieurs années et après avoir mis au monde mes propres enfants, j’ai compris. Je me suis calmée et j’ai travaillé sur ma tolérance. Je suis maintenant contente de recevoir des opinions externes, surtout lorsqu’elles sont bien formulées. J’aime me remettre en question et, plus que tout, je me promets d’épargner mes enfants et leur père. 

Si je n’avais qu’un message à faire passer à tous les parents, ce serait de faire très attention à l’impact de votre comportement sur vos enfants, encore plus en situation de séparation. Détruire l’autre parent devant l’enfant, c’est juste non. 
 
 
 
 
 

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